Rencontre sous la pluie

New York et ses immeubles de luxe à vous faire rêver le jour, mais vous flanquer une sacrée peur une fois la nuit tombé avec leur immense silhouette virevoltant dans d'incroyables jeux de lumière. New York de nuit n'était pas très fréquentable, mais cela n'empêchait pas notre glaçon sur pattes de s'y aérer l'esprit. Cette nuit là, Élioth arpentait Manhattan sous une pluie battante, il était pas loin de vingt-deux heures et il pleuvait à torrent, le jeune homme était entièrement trempée et pourquoi cela ? Parce qu'il aimait se sentiment de liberté, parce qu'il aimait sentir les gouttes d'eau dégouliner sur son visage et parce que tous ces éléments réunis lui offrait une sensation d'invulnérabilité.

Rien, il ne se passait rien, il n'y avait rien à faire, à part regarder la pluie tomber encore et encore se demandant si elle allait finir par s'arrêter ou alors continuer jusqu'au premières lueurs de l'aube.
À l'heure actuelle, Manhattan était désert, le brouha de la foule avait cédée sa place au silence, les klaxons avaient laisser la place au bruit des gouttes d'eau heurtant le sol. Par moment Élioth maudissait bien sa solitude, son côté asocial, et ce soir là c'était un de ces rares instants où le jeune homme rêvassait à une autre vie. Il n'avais plus qu'une seule envie, pouvoir retirer ses vêtements trempés et collants à la peau, se glisser sous une bonne douche bien chaude non pas pour se réchauffer, les pouvoirs du mutant l'immunisant contre le froid mais simplement pour se détendre et ensuite s'installer devant sa télévision avec un paquet de chips, une bonne bière et ne rien faire du tout, mais bon tout cela était bien loin dans sa tête et la réalité était toute autre car il lui restait encore bien du chemin avant de se retrouver les deux fesses sur son canapé.

Les rues défilaient sous les yeux du jeune homme et pas après pas il se rapprochait encore un peu plus de chez lui. Soudain, il entendit quelque chose, un bruit à peine perceptible et pourtant il avait peut être enfin l'occasion de croiser quelqu'un et c'est pour cela qu'il s'avançait doucement sans faire le moindre bruit pour savoir ce qui pouvait créer un tel bruit si discret, mais pourtant bien audible dans cette nuit si calme. Au bout de quelques instants le bruit laissa apparaître son auteur dans un halo de lumière, une simple silhouette qui fît s'interroger notre jeune ami, qui pouvait bien être cet individu ? Et que faisait-il là sous une pluie battante ?

Concentré sur cette silhouette Élioth ne fit pas attention et son pied heurta accidentellement une poubelle qui se renversa dans un boucan d'enfer, s'il était sûr d'une chose maintenant c'est que sa présence n'avait pu qu'être remarqué par l'individu se dressant désormais face à lui. Devait-il fuir ? En toute logique, cette solution était bel et bien la meilleure de toutes mais le jeune homme resta là, crispé, incapable de bouger le moindre membre.

Eamonn referma l’ouvrage sur lequel il travaillait depuis plus de 3heures , son projet avançait bien et il était dans les temps. Ayant eu le droit de travailler seul sur ce projet normalement à réaliser en groupe, l’irlandais pouvait travailler à son rythme .
Il nota quelques dernières notes et références de l’ouvrage et le posa à son emplacement dans les rayonnages. Il adorait le cadre de la bibliothèque, idéal pour réfléchir dans le calme. Eamonn rangea ses affaires dans son sac , salua le bibliothécaire et se dirigea vers l’extérieur du bâtiment. La pluie tombait à grosse gouttes sur les murs de l’ancienne bâtisse, il sortit en vitesse son parapluie et porta ses pas vers son appartement en ville. Le brun marchait déjà depuis quelques minutes quand il entendit ,porté par le vent , une respiration régulière qui s’accélérait. Quelques instants plus tard ,à renfort de grand fracas, ce quelqu’un fit tomber une de ces poubelles de métal qui peuplent les rues new-yorkaises. L’irlandais s’approcha du jeune homme responsable du bruit qui avait brisé l’harmonie silencieuse de la nuit. Il le couvrit de son parapluie , et l’observa à la lumière faible des réverbères , l’inconnu semblait terrifié , tétanisé. Eamonn lui offrit un sourire franc qui contrastait avec son demi-sourire moqueur habituel .

« Ca vas ? Vous ne vous êtes pas fais mal ? » dit-il en tachant de mettre en confiance cet inconnu.

« Moi , c’est Eamonn , je ne te veux aucun mal. Et si je peux t’aider je le ferais volontiers. Tu es perdu ? »

Le pauvre homme semblait déboussolé, il était trempé et le brun lui offrit sa veste à peu près sèche. Que faisait-il ici , trempé , et complètement paniqué ? Ce sont ces questions qui se bousculaient dans la tête de l’irlandais. Un poids alourdit le parapluie , Tráthnóna (son corbeau) venait de se poser. Heureusement , il n’eut pas l’idée de pousser son coassement lugubre qui en faisait flippé plus d’un. Rassuré par ce poids , Eamonn se sentait plus serein face à la situation étrange dans laquelle il se trouvait. C’est donc l’esprit un peu plus libre , qu’il se demanda quoi faire de cet inconnu. Il n’eut pas à chercher trop longtemps, car le jeune homme semblait reprendre pied à le réalité.

Élioth s'était excusé sans même avoir pris le temps d'observer celui qui lui faisait face. Il regarda du pied à la tête l'individu afin de mieux l'analyser et ainsi cerner ses intentions. C'était un jeune homme de son âge, assez robuste et qui n'avait pas l'air très méchant, du moins en apparence. Il s'arrêta un instant et le fixa longuement... Que faisait-il ici ? Après tout peut-être que lui aussi errait dans les rues de la grosse pomme pour s'évader et se vider l'esprit.

Le jeune homme demanda alors à Élioth s'il ne s'était pas fait mal, et se présenta. Ce dernier s'appelait Eamonn et prétendait ne lui vouloir aucun mal allant jusqu'à lui proposer son aide. Une chose assez rare pour notre jeune ami, il n'avait pas l'habitude qu'on lui propose de l'aide et encore moins en pleine nuit et de plus est, sous la pluie. En tant normal il aurait décliné tout de suite et aurait prit la poudre d'escampette sans attendre, mais là, sans savoir pourquoi, il souhaitait accorder sa confiance et un peu de son temps à ce parfait inconnu.

- "Enchanté moi c'est Élioth, et rassurez-vous je ne me suis pas fait mal, et je n'ai pas besoin d'aide, je rentre juste chez moi." Dit-il avec un léger sourire pour rassurer son interlocuteur.

Le jeune homme enleva sa veste et la proposa à notre ami mais ce dernier refusa poliment cette charmante intention en lui indiquant que la pluie et le froid ne lui posait aucun problème. Et oui Eamonn ne se doutait sûrement pas qu'Élioth était un mutant capable de résister aux températures les plus glaciales et pouvant se transformer en Mister Freeze sur jambes.

Soudain un corbeau aux plumes aussi noires que la nuit vint se poser sur la parapluie d'Eamonn, un corbeau qu'il semblait connaître vu sa réaction envers celui-ci. En tant normal cela aurait pu effrayé plus d'un mais notre beau brun était habitué aux situations cocasses et au final l'arrivé de l'animal permit au jeune homme de prendre confiance en lui, lui qui avait l'occasion de travailler avec les animaux dans le refuge que dirigeait sa mère.

- "Hum un Corvus Corvax, c'est pas banal comme animal de compagnie, je travaille dans un refuge en ville et j'ai l'habitude d'en côtoyer... et à ce que je vois, il y a une grande complicité entre vous. Qu'est-ce-qui amène un jeune homme et son corbeau dans les rues de New-York en pleine nuit ?" Demanda-t-il à Eamonn d'un ton naturel et posé.

La pluie tombait toujours sur la ville, et Élioth attendait avec impatience la réponse de l'aérokinésiste accompagné de son fidèle ami.

Le jeune homme se présenta et se reprit. Il rassura Eamonn sur son état de santé et expliqua sa présence ici à cette heure-ci. Elioth puisque c’est comme ça qu’il s’appelait refusa poliment la veste qu’il lui tendait. Malgré son inquiétude , l’irlandais n’insista pas.

« Hum un Corvus Corvax, c'est pas banal comme animal de compagnie, je travaille dans un refuge en ville et j'ai l'habitude d'en côtoyer... et à ce que je vois, il y a une grande complicité entre vous. Qu'est-ce-qui amène un jeune homme et son corbeau dans les rues de New-York en pleine nuit ? » dit Elioth.

Sa panique de tout à l’heure avait totalement disparu et c’est d’un ton calme que le mutant c’était exprimé. Apparemment l’oiseau perché sur le parapluie, avait redonner confiance à son interlocuteur et il lança donc la conversation sur son compagnon haut perché. Eamonn s’apprêtait à répondre quand Tráthnóna lui coupa la parole en lancant un coassement comme pour répondre à la question et alla se poser sur l’épaule se son propriétaire.

« Voila pour lui et moi je viens de la bibliothèque et je rentrais chez moi aussi. Maintenant que je suis rassuré sur votre état, je ne tiens pas à rester sur cette pluie battante. Où habitez-vous ? Nous pourrions peut-être faire un bout de chemin ensemble . Qu’en dites-vous ? »

L’irlandais était très ouvert et sentait quelque chose de spécial chez Elioth mais il n’arrivait pas à savoir qu’est ce qui sortait de l’ordinaire chez lui.

Avant même que le jeune homme ne s'exprime, le corbeau vint se poser sur son épaule dans un coassement lugubre qui résonna dans la petite ruelle mal éclairée.

Selon ses dires, Eamonn revenait d'une séance d'études à la bibliothèque et rentrait tout bonnement chez lui. Ne voulant s'attarder d'avantage sous cette pluie orageuse le jeune homme à l'ami nocturne demanda alors à notre mister freeze où il vivait et s'il accepterait qu'ils partagent ensemble un petit bout de chemin ensemble.

En tant normal, notre jeune loup solitaire aurait tout de suite décliné l'invitation mais en cette nuit pluvieuse et pour la première fois depuis bien longtemps, il avait retrouvé l'envie d'accorder sa confiance à un être humain. Qui sait, cette mystérieuse rencontre était peut-être le début d'une belle amitié, au pire que risquait-il ? Élioth n'avait rien à perdre et tout à gagner.

- "Hum je n'habite pas la porte d'à côté, je vis à Staten Island dans le quartier Irlandais de St-George." Dit-il avant de reprendre avec une pointe d'humour.

- "Pas banal, un écossais vivant au beau milieu de la communauté irlandaise, mais il faut avouer qu'ils savent faire la fête, le tout avec de la bonne bière !"

La pluie ne cessait de tomber sur New-York, un New-York qui ressemblait de plus en plus à une de ces villes de Western mise en scène par ce bon vieux Sergio Leone où le plus légendaire des cow-boy, Clint Eastwood ferait une entrée fracassante. Fini la rêverie, Eamonn lui avait posé une question dont ce dernier attendait la réponse.

- "Si vous habitez dans le même coin que moi, je suis partant pour faire un bout de chemin avec vous. Après tout nous ne seront pas trop de deux pour affronter ce temps de chien ! Par la même occasion je vous propose que l'on se tutoie, qu'en dis-tu ?"

La confiance d'Élioth était enfin revenue, il se sentait léger comme libéré d'un poids, libéré d'une chape pesant depuis des années sur ses épaules. Il était là, le regard illuminé dans cette nuit noire, attendant avec impatience les dires de son comparse.

Le jeune homme prenait de plus en plus confiance, il se redressait, souriait et parlait plus facilement. Eamonn avait un bon espoir de s’en faire sinon un ami au moins une connaissance.

« Hum je n'habite pas la porte d'à côté, je vis à Staten Island dans le quartier Irlandais de St-George. Pas banal, un écossais vivant au beau milieu de la communauté irlandaise, mais il faut avouer qu'ils savent faire la fête, le tout avec de la bonne bière ! »

Un écossais dans le quartier irlandais était effectivement très étrange. Eamonn aurait aimé vivre dans cette partie de la ville où son pays lui manquerait surement moins. Enfin il n’avait pas trop à se plaindre, l’irlandais avait souvent l’occasion de retourner dans son pays natal.

« Il n’y a pas de meilleure bière que la bière irlandaise je confirme. J’en sais quelque chose étant fils d’un tenancier de pub irlandais. L’Irlande me manque souvent... »

Ses pensées s’égarèrent quelques instants se remémorant des souvenirs heureux, tout particulièrement ceux avec sa sœur Macha qu’il cherchait toujours.

« Vous aviez peut-être remarqué que j’étais moi-même irlandais ? »

Le courant semblait passer entre les deux jeunes fommes et Eamonn ne fut pas surpris par la réponse d’Elioth ainsi que par sa proposition.

« Si vous habitez dans le même coin que moi, je suis partant pour faire un bout de chemin avec vous. Après tout nous ne seront pas trop de deux pour affronter ce temps de chien ! Par la même occasion je vous propose que l'on se tutoie, qu'en dis-tu ? »

« J’habite au Gateway Plaza mais d’ici c’est la même direction, on peut donc faire un bout de chemin ensemble. Quant au tutoiement, je suis d’accord, c’est plus sympathique que le froid et impersonnel vouvoiement. »

Il reprit son chemin abritant sous sn parapluie, Elioth et Tráthnóna du mieux qu’il pouvait, s’aidant de son pouvoir pour diminuer les bourrasques de vent. L’irlandais relnça la conversation avec de ces questions banales qui permettait de faire connaissance.

« Je ne suis pas très original. Mais bon, vous... euh tu fais quoi dans la vie ? Si c’est pas indiscret de ma part. Moi, j’étudie le commerce, la finance, le management des risques. Des matières très barbantes sauf qu’elles sont mises en pratique.»

En disant ce qu’il faisait et en y ajoutant une touche d’humour ponctuée par son demi-sourire, Eamonn souhaitait mettre le brun le plus à l’aise possible.

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