Le monstre de Rock Creek Park ( Shock et ceux qui veulent )

Célia se levait doucement, elle avait tout son temps, elle ne prenait son service qu'à 9h00 et il était 5h30. Elle émit un gémissement fatigué puis alla prendre une douche froide pour se réveiller. Elle entrait dans la salle de bains, blanche et bleue, tant de joie et de bonne humeur ressortait de cette salle de bains: Célia avait envie de vomir. Mais bon, elle devait faire avec; sous la douche, l'eau fraîche lui faisait du bien et elle pouvait remettre ses idées en place. Célia aimait ce calme de l'eau qui coulait doucement le long de son corps soulignant ses formes comme sculptées par les anges...ou les démons. Après ce moment de détente, la belle égyptienne se sécha et monta sur le toit de l'immeuble. Étant au dernier étage, il lui suffisait de prendre l'escalier de secours de monter et elle pouvait penser en toute tranquillité dans son havre de paix, son jardin secret: où elle hurlait toutes ses colères, où elle pleurait toutes ses douleurs. Mais cette fois-ci, elle ne venait pas souffrir, elle voulait juste admirer la belle ville de Washington D.C. De son perchoir, elle voyait son parc où les nuits de pleine lu...Non, Célia ne voulait pas penser à ce qui se passait ces nuits-là.
Soudain, elle eu un doute, elle descendit à toute vitesse et regarda son calendrier.

*Oh non, c'est déjà demain soir !*, se disait-elle.

Mais la brune ne voulait pas s'attarder sur ça et comme tous les matins, elle petit déjeuna équilibré puis commença son entrainement. Et ce fut corde à sauter, pompes, abdominaux, et course sur place qui s'enchainèrent au rythme d'une musique bien choisie. Quand ce fut au tour de son entrainement avec ses saïs, on aurait pu dire qu'elle dansait tellement elle était agile et souple. Il était 8h30 quand, elle eu fini de travailler son corps. Célia partit donc en direction du café où elle était serveuse. Sur la route, elle ne pouvait s'empêcher de sentir toutes le odeurs qui se trouvaient sous son muse... nez. La peur, le mensonge, toutes ces émotions troublaient toujours son esprit mais la jeune égyptienne s'y était habituée. La jeune fille arriva 5 minutes à l'avance comme toute la semaine, le temps de mettre sa tenue et elle était sur le pied de guerre: toujours la première à accueillir un client car même si elle n'aimait pas vraiment son travail, elle le faisait avec beaucoup d'énergie. Quelques heures plus tard, une odeur bien différente d'un steak, d'une salade ou même d'un être humain, arriva jusqu'à son nez si sensible et délicat, une odeur qu'elle n'avait jamais senti avant. Célia tendit l'oreille, le magnifique "Diling" de la porte lui annonça que quelqu'un de spécial venait d'entrer dans son lieu de travail...

Shock était parti en déplacement pour une mission de 4 jours sur Washington DC sous les ordres de Crapaud afin de régler quelques problèmes. Pendant ce court séjour, elle logeait dans un motel.

Il était 9h30 lorsque la Confrériste se réveilla bien éméché suite à sa soirée de la veille. Les yeux mi clos, les cheveux en bataille, elle regarda l’heure du radio réveil machinalement, souffla déjà fatiguée avant de commencer la journée. Elle devait prendre la route dans la matinée pour rejoindre New york. La veille, elle était allée manger un truc et boire un verre dans un bar comme d’habitude avant de repartir dans sa chambre. Cependant, la soirée était bien animée et elle participa à un concours improvisé de shot de Vodka. C’était sa spécialité en matière de buverie et comme c’était sa dernière soirée à passé ici avant de rentrer, elle en profita pour se détendre. Elle gagna la première manche mais ensuite, elle tomba sur un mec plus fort qu’elle à ce jeu là et décida donc contrarier et ivre de rentrer au motel. De toute façon, elle ne pouvait pas aller plus loin.

Elle prit une douche vite fait, rassembla ses affaires, paya la note et alla au café du coin, se restaurer avant de prendre la route. Katharina entra dans le commerce, les yeux fatigués à cause des abus de la veille, elle marchait au radar accusant un mal de crâne insupportable et alla s’assoir au comptoir.

"-Un café bien noir et un sandwich" dit elle exténué et sans marque de politesse à l’employé derrière le comptoir.

En attend sa commande, elle chercha son téléphone portable dans sa poche de blouson mais ne le trouva pas. Elle soupira alors en repensant qu’elle l’avait surement oublié dans la voiture. Elle se leva donc subitement pour aller le chercher et se retourna brusquement et heurta de plein fouet la serveuse qui passait à se moment là. Dans la collision, les 2 verres de jus de fruit qu’elle amenait à des clients se renversèrent sur le tee shirt de Shock. Fort heureusement pour elle que ce n’était pas du café bien chaud. Kat se recula et inspecta l’étendu des dégâts sur son haut causé par la serveuse.

"-Vous pouvez pas regarder où vous aller !" Dit elle sur un ton fâché mais sans plus. Elle était de mauvaise foi puisque c’était elle qui s’est levé subitement sans faire attention mais elle n’allait pas sans venter.

Célia détailla la jeune femme qui venait d'entrer, elle était brune les cheveux assez longs, des yeux d'un vert perçant, de belles formes et une détermination qui se voyait rien qu'à sa démarche malgré le fait qu'elle avait l'air d'avoir une belle gueule de bois. Son odeur intriguait toujours la belle égyptienne, elle n'avait jamais senti cela, cette fille était donc aussi spéciale qu'elle semblait l'être. Pourtant n'importe qui, autre que Célia, n'aurait pas pu déceler la moindre particularité chez l'inconnue au comptoir. Essayant d'ignorer les autres odeurs des clients (ce qui était loin d'être facile), elle se rapprocha l'air de rien de sa cible. Mais d'abord, elle devait aller déposer les jus de raisins, commandés plus tôt. Célia sentait sa Sœur Louve prendre le dessus pour aller à la rencontre de la brune. Mais elle se retînt et concentrée sur ce point, elle ne vit la mutante se retourner brusquement. Ce fût le choc. Célia, absolument pas désolée, était furieuse contre la coupable de l'incident et se maitrisa de justesse pour ne pas lui faire sauter la tête même si l'envie la démangeait. Elle ne s'attendait donc pas du tout à ce que ce soit la confrériste qui lui hurle dessus pour sa," soit-disant" faute dont la brune était responsable. La jeune fille spéciale lui reprochait de ne pas regarder où elle allait.

*Elle est gonflée celle-là !*, ne se gêna pas de penser Sœur Louve.

Célia voulut répondre calmement cependant cette fois-ci, ce fût plus fort qu'elle:

"Plutôt déplacé, venant de quelqu'un tellement beurré qu'il ne fait pas attention à "où" il va. En tout cas, Mademoiselle Vodka, (elle avait à peine eu besoin de renifler,) peut rêver si elle compte sur moi pour lui payer son pressing.", lui lança-t-elle à la figure comme un sceau d'eau glacée. Ce dont, vu son taux d'alcool dans le sang, elle aurait bien eu besoin.

Sur ces paroles, Célia encore énervée partit derrière le "Colorado Café" où elle travaillait tous les jours. Elle s'agenouilla, les jambes coupées sous l'effort qu'elle avait fait pour ne pas se transformer. A chaque fois que quelqu'un l'énervait, elle devait contenir Sœur Louve qui n'aurait fait qu'une bouchée de ces innocents et cela lui coutait. Elle respira profondément mais la colère diminuait trop lentement, elle allait exploser. Alors elle griffonna un mot pour Steve , son patron puis courut vers Rock Creek Park. Elle longea Kennedy Street et arriva dans au Parc. Célia s'arrêta derrière un arbre et hurla à la mort. Méfiante, elle regarda ses mains puis soupira: il n'y avait pas de poils, elle avait réussi à se contrôler mais à quel prix, son corps même habitué à ce genre d'efforts, ne la soutenant plus, elle tomba à genoux. Attendant d'avoir plus de force pour pouvoir se lever, elle médita, écoutant les bruits de la forêt.

Shock n’avait pas mâché ses mots comme à son habitude et la pauvre serveuse en fit les frais. Mais celle-ci n’en resta pas là et riposta en lançant une réplique cinglante à la confrériste. Katharina fut surprise de la réaction de la serveuse et en oublia son tee shirt pour lever les yeux et regarder en face cette jeune impertinente. C’était une jeune femme dans la vingtaine, très grande, au teint mate avec un regard audacieux. Elle n’a pas eu le temps de répondre que la fille détala comme un lapin. Kat intrigué par l’attitude insolente et étrange de cette fille, prit sa veste au passage la suivit sans plus attendre. Sans doute pour lui faire ravaler ses paroles.

Elle se dépêcha car la miss s’échappa à vive allure comme pour fuir quelque chose. A un moment donné elle croyait l’avoir perdue mais la distingua cavaler dans la foule. Shock la poursuivait piqué par sa curiosité. Elle arriva dans un parc, elle calma le pas pour finalement avancer pas à pas, les lieux étant très calme à son goût. Puis elle entendit un vif hurlement venir de sa gauche, interloqué, elle s’avança doucement dans cette direction voir ce qu’il se passait en restant sur ses gardes. Les hurlements se transformèrent en gémissements pour enfin se taire. A ce moment là, elle découvrit la serveuse du bar, derrière un arbre, au sol, vraisemblablement exténué comme si elle avait couru un marathon. Vidé de ses forces. Il ne fallut qu’un instant pour que s’enchaînent une série de questions dans la tête de la Confrériste.

*Que lui arrive t’il ? Qui est cette fille ? Est elle une mutante ? Ou tout simplement une dingue ?*

Kat s’approcha méfiante de la jeune fille tout en garda une certaine distance ne connaissant rien de sa protagoniste. Ne la quittant pas des yeux, elle la questionna sur un ton inquisiteur :


-"Qu’est ce qu’il te prends de décamper comme ca de ton lieu de travail pour venir jusqu’ici et hurler à la mort comme un chien ?"


Sans réponse de sa part, elle ajouta sur un ton plus posé :


-"T’as peur que ton patron te sermonne ? Vu comme t’es parti, t’es pas loin d’être virée ma jolie ?"

La serveuse devenue hystérique se leva et plongea son regard devenu subitement jaune doré dans celui vert vif de Shock. Cette dernière ne baissa pas les yeux face à cet étrange personnage. Leur échange de regard en disait long et suffit à comprendre que le froid instauré entre elles avait monté d’un cran. La banale altercation avait fait place à une certaine confrontation assez ambigüe vu la nature assez étrange de la jeune femme.

Shock campait avec assurance avec un sourire malicieux face à la jeune femme. Son attitude étrange, sa fuite inexpliquée, ses yeux, tant de questions qui piquaient la curiosité de la Confrériste. Elle voulait en savoir davantage. Sa réponse assez abrupt, ne l’en dissuada pas de continuer, au contraire. Elle ouvrit la bouche pour répondre, que la belle inconnue avait déjà prit la fuite une seconde fois. Katharina pouffa de rire, un rire amusé et interloqué à la fois.

*Là, c’est sur, c’est une dingue.* Pensa t’elle.

L’allemande ne comprenait pas ce qui se passait et vu les grammes d'alcool qu’elle avait encore dans le sang, c’était encore plus difficile. Elle s’essuya le front, cherchant une réponse. Elle jeta un coup d’œil circulaire aux environs, le parc était calme. Elle marchait doucement regardant de droite à gauche restant sur ses gardes à l’affut du moindre bruit suspect, prête à charger une série de rafales électriques et lui répondit :


_"Je m’appelle Katharina, ou Shock comme tu préfère, ca te va !...Et toi qui es tu ?, je pense que tu n’es pas parti bien loin ? Et pourquoi tu dis que je suis chez toi ? C’est un parc public, non ?"


Elle continua son chemin et sans réponse de sa part, elle commença à perdre patiente et accéléra les choses en lui balançant sur un ton plus sarcastique :



_"Tu veux jouer au chat et à la souris ? C’est ca ?, pas de problème mais sache dès à présent que je ne joue pas le rôle de la proie ! De quoi te cache tu ?"

Après avoir trouvé un hôtel, je décidai de retourner dans ce parc. Tout me menait à cet endroit seulement où devait-je aller dans ce parc ? Il était assez grand et je n'avais pas la moindre idée d'où chercher exactement.

Je fermai les yeux un instant. La déesse louve me réapparut. Mais quelque chose avait changé. Il semblait y avoir de l'orage, ou du tonnerre... non des éclairs, je voyais des éclairs. J'ouvris les yeux. Le soleil brillait encore et pas le moindre nuage à l'horizon. Un peu déçue, je décidais de marcher dans le parc au hasard, laissant mes pas me guider vers... je ne savais d'ailleurs pas trop quoi au juste mais j'y allais.

C'est alors que j'entendis un hurlement lupin. Cela me fendit le cœur ; que de colère et de souffrance dans ce hurlement. Je compris de suite que cela avait un rapport avec mes rêves. Je tentai de me rapprocher du son mais ce ne fut pas facile. Il avait cessé et dans ce grand parc, pas facile de le retrouver. Alors que je marchais, toujours à la recherche de ce que je supposait être ma déesse-louve, j' arrivais près de deux jeunes filles qui semblait se disputer. Je ralenti un peu et les observai plus attentivement. La première devait avoir dans les vingt-cinq ans, de magnifiques yeux verts, ses longs cheveux souples lui donnait un air un peu sauvage. Elle avait visiblement laissé part à quelques excès la veille mais était très sure d'elle. La seconde était sensiblement plus jeune, peut être une vingtaine d'années. J'aurai juré avoir vu ses yeux jaunes, mais en y regardant bien, ils étaient bruns. Elle semblait sur la défensive, comme si elle avait été agressée, ou qu'elle voulait défendre quelque chose. Je dû vraiment ralentir beaucoup ou les fixer avec insistance car la plus âgée m'interpella en me lançant un "Y'a un souci pour que tu me fixe comme ça ? ". J'avais effectivement du mélanger mes rêves et la réalité et sa réflexion me fit redescendre sur terre.

La stratégie de Shock avait fonctionnée. La provocation est toujours de mise pour pousser quelqu’un à se dévoiler lors de telle situation. L’inconnue étrange ne tarda pas à se manifesté du haut de son arbre surprenant la Confrériste lors de son atterrissage tout juste derrière elle. Kath se serait retournée instinctivement d’habitude pour faire face à son interlocutrice. Mais aujourd’hui la rapidité n’était pas au rendez vous, encore les excès de la veille. L’inconnue dédaigna enfin répondre à ses questions. Shock haussa d’un sourcil lorsqu’elle proclama que ce parc était son domaine…

*C’est pas courant ça, prendre un parc public pour sa propriété* Pensa elle.

Plus les choses avançaient et plus cette fille l’intriguait davantage, de part sa façon d’agir insolite et de par son arrogance.
Les deux jeunes femmes se fusillèrent mutuellement du regard cherchant la domination et la soumission de l’autre. Mais pas une des deux ne baissa les yeux. Puis, Shock garda son sang froid, chose très rare mais qui arrive beaucoup plus fréquemment maintenant. La tension était trop palpable et il fallait calmer le jeu sans pour autant laisser trop de mou. Un silence s’installa puis elle répondit sur un ton plus froid que jamais, n’affichant aucune expression sur son visage :


_"Tu es insolente mais aussi imprudente, je mettrais ça sur le compte de l’insouciance. Je me suis présentée donc j’espère que tu en feras de même. Ton attitude étrange à piqué m’a curiosité. Avoue que ce n’est pas tous les jours que l’on croise des gens qui partent en courant en pleine matinée pour allée hurler dans un parc ?"


La mutante laissa un temps de pause significatif pour souligner son raisonnement avant de reprendre :


_"Sache que je ne suis pas là pour te juger, cependant plusieurs choses me font penser que… »
Puis Shock s’arrêta dans sa lancée. D’une part, s’étonnant à chaque fois qu’elle parlait ainsi calmement et posé tout en gardant son aplomb légendaire. Et d’autre part, elle espérait que la fille en face, se dévoile elle-même, elle lui avait tendu la perche, allait elle la rattrapé ou pas. L’Allemande soupçonnait la serveuse soit d’être folle ou soit d’être une mutante. Se cacher, fuir, Shock avait connu ça et ne voulait plus jamais s’abaisser à ca."


Finalement, le parc n’était pas si désert que ca. Un élément perturbateur vint interrompre la discussion pointue des jeunes femmes. Une jeune femme, brune marchait lentement le vague à la vague puis les dévisageant du regard. Ni une ni deux, Shock lui balança sans plus attendre :


_"Y a un souci pour que tu me fixe comme ca ?"


*Les gens sont vraiment bizarre dans ce parc* raisonna Shock.

Le visage que Célia avait en face d'elle, était froid, impassible, sans émotions et à part elle-même, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un comme ça. Elles voulaient tous les deux en savoir plus l'une sur l'autre. La curiosité la piquait, elle voulait des réponses. Et pour l'instant, c'était la confrériste qui posait les questions. Elle lui disait qu'elle ne la jugeait pas mais l'égyptienne savait que tout le monde jugeait les autres. Célia n'appréciait pas se dévoiler, la connaissance étant une arme redoutable pour combattre l'autre. Mais Shock s'était présentée (avec froideur et calme mais elle s'était présentée) et la politesse qu'elle utilisait malgré tout avec les clients lui fit prononcer quelques mots:

"Ok, je m'appelle..."

Elle fut interrompue par Katharina qui s'en prenait à une belle brune qui les fixaient apparemment.

"Y a un souci pour que tu me fixe comme ça ?", avait-elle lancé.

Interloquée par cette attaque de l'allemande, elle se rapprocha de la nouvelle interlocutrice à une vitesse surhumaine. Célia se sentait comme attirée par la brune, qui venait d'Angleterre d'après son odeur.
Elle portait un parfum envoutant mais ce n'était pas ça, il y avait autre chose comme si cette dernière pouvait la comprendre. Elle semblait cependant perdue comme si elle cherchait quelque chose. Célia était prête à tout pour l'aider et étrangement sa louve, d'habitude sur la défensive comme elle l'avait été avec Shock, avait confiance en l'anglaise.

" Qui êtes vous ?", demanda-t-elle, pour la première fois de la journée, très gentiment, "on se connait ? Vous semblez si...différente."

Sur ces mots, les yeux jaunes perçants de Soeur Louve retournèrent à ceux d'un brun profond de Célia. Sa louve était apaisée près de la jeune brune mais le danger de la trop curieuse allemande était toujours là. Et comme si cela était naturel, elle se plaça devant l'anglaise. Déterminée, prête à la protéger du danger. Oui, elle était certaine qu'elle devait veiller sur elle et qu'elle allait le faire. Sur ses gardes prête à bondir, elle recommença à fixer la confrériste, attentive au moindre mouvement.

Je me sentais bien bête de me faire remarquer alors que j'étais là depuis moins d'une journée. La plus jeune s'était posée devant moi, prête à me protéger d'un danger dont j'ignorais l'origine. De plus elle l'avait fait à une vitesse incroyable. J'avais à peine eu le temps de la voir se déplacer. Elle me questionna :

"Qui êtes-vous? On se connait ? Vous semblez si...différente."

"Au moins vous ne vous encombrez pas de fioritures toutes les deux. Je m'appelle Mirella Atkins. Désolée si je vous ai offensées, il m'arrive souvent de fixer des personnes sans m'en rendre compte, à ces moments je suis dans mes pensées et perd la notion de la réalité. Et pour répondre à ta question, je ne pense pas que l'on se connaisse même si j'ai la sensation du contraire. "

*Je ne me sent pas crédible là, soit elles me prennent pour une folle soit pour une écervelée. Je ne suis pas sure de préférer l'une à l'autre des solutions.*

La réflexion de la plus jeune m'interpella.

*Pourquoi m'avait-elle dit que je semblait si différente, et pourquoi j'avais cette sensation que je parlais à un animal. *

J'avais l'impression de ne parler qu'avec elle et cela me mis mal à l'aise par rapport à l'autre jeune fille. Après une rapide réflexion je pensai avoir une solution qui me permettrai de les observer discrètement ou du moins cela me donnais une excuse pour le faire.

"Pour me faire pardonner de mon attitude effrontée et afin de faire plus ample connaissance, je propose de vous offrir une collation, peut être connaissez-vous un établissement qui le permettrai ? "

A ce moment j'ignorai encore que la plus jeune travaillait dans l'établissement ou je les encourageaient à me conduire et qu'elles venaient de quitter quelques instant auparavant précipitamment.

Je ne sais si c'était le fait de ma proposition, de mon attitude ou que j'interrompais leur conversation, mais la plus âgée me fusilla du regard. J'avais subitement envie de m'enfuir loin comme si un danger était proche. L'ambiance devint tendue, presque électrique.

Maintenant, deux inconnues faisaient face à Shock. Soudain, la serveuse prit automatiquement la défense de la nouvelle en se déplaçant à une vitesse incroyable, surhumaine. Ses doutes, sur la nature mutante de la jeune fille s’affirmèrent et elle en déduit qu’elles se connaissaient. Mais apparemment non, vu que la survoltée lui demanda son identité. La nouvelle arrivante semblait elle aussi étrange. Et pourquoi la serveuse prenait elle instinctivement sa défense vu qu’elle ne la connaissait pas. Shock ne comprenait que peu de choses à tout ca.

*C’est pas mon jour aujourd’hui, j’aurais mieux fait de tailler la route vite fait.*

Kath resta silencieuse et impassible ne perdant pas une miette pendant que les deux filles faisaient la causette. Méfiante, elle les fusilla du regard.

Présentation faite pour la seconde inconnue. Mirella, proposait de leur payer un coup enfin « une collation » reprenant le langage soutenue employé par celle-ci. Shock n’était pas très emballée par son invitation, elle voulait rentrée au plus vite à New York et se poser. En tant, normal, elle aurait accélérer les choses par la manière forte sans se poser trop de questions mais vu les abus de la veille, elle n’avait pas les idées très claires encore à cette heure et craignait de ne pas être au top de ses capacités. L’allemande campait sur ses interrogations et voulait en savoir plus. La prudence était de mise quand même vu qu’elles étaient désormais deux. De plus, elle n’avait pas pu prendre son petit déjeuner du coup. Elle décrispa son visage et dit :


_"Ok, moi j’accepte mais ne perdons pas de temps car j’ai de la route."


Shock tourna alors son regard sur la serveuse pour connaitre sa réponse.

Célia se sentait vraiment perdue, tout s'était passé si vite. D'abord, il y avait eu cette rencontre mouvementée avec la dénommée Shock et ensuite elle était tombée sur cette Mirella. C'était dingue, le lien qui semblait y avoir entre elles. A la vue de cette seconde, l'égyptienne voulait être proche d'elle comme si elle faisait partie d'une meute qu'elle n'a pas. Bon, apparemment elles ne se connaissaient ce qui lui semblait bizarre mais la brune devait se re-concentrer sur la conversation. L'anglaise proposait d'aller boire un coup, l'allemande avait accepté presque à reculons sans doute à cause du manque du temps. Elles avaient le regard posé sur Célia, alors pour en savoir plus comme piquée par la curiosité, elle annonça:

"D'accord, je vous propose de retourner au "Colorado Café"." Puis elle glissa à Mirella: "J'y travaille comme serveuse"

Sur le chemin du retour, les odeurs des passants reprirent les attaques contre son nez sensible. La peur, la fatigue, le mensonge, la joie, la colère. Mais elle savait se contrôler ( enfin des fois ), alors les trois jeunes femmes continuèrent leur marche jusqu'au bar. Elles étaient toutes silencieuses malgré les nombreuses questions fourmillant dans leur tête. Du moins c'était ce que supposait la belle louve-garou. Arrivée au café, elle alla voir son patron et lui dit qu'elle s'installait à une table pour parler mais qu'il pourrait compter sur elle pour des heures supplémentaires le soir même. Steve savait qu'elle ne demandait de pauses que très rarement et qu'on pouvait lui faire confiance. Célia suggéra aux deux belles demoiselles de s'asseoir à sa table préférée. Confortablement installées, la mi-louve demanda:

"Bon, qu'est ce vous venez faire ici précisément ?". Cette première question allait déjà donner quelques réponses à l'esprit tortueux de Soeur Louve et de son alter-ego.

Les trois jeunes femmes étaient installées depuis seulement quelques minutes et deux questions avaient déjà été posées. Même si vexée que l'on n'ait pas répondu à sa question, Célia se présenta et Shock fit de même mais sous son vrai nom. Pendant que la confrériste petit-déjeunait, Célia écoutaient l'anglaise lui parler de son penchant pour les animaux. Se sentant dans une phase de confidences, l'égyptienne lui parla de son attraction pour la race canine sans pour autant lui parler de son attirance très prononcée pour les loups. La conversation dériva doucement sur le passé de Mirella l’amenant à parler de ses origines et des légendes indiennes parmi lesquelles celle d'une déesse-louve. Ça serait la raison pour laquelle elle était venue à Rock Creek Park. Célia n'en revenait pas, elle est venue vers elle: une louve-garou. Elle voulut lui poser plus de questions quand elle remarqua que Shock avait été mise de coté pendant ces quelques minutes et qu'apparemment elle tenait à participer.
La confrériste voulait aller droit au but et c'est ce qu'elle fit, elle lança confiante:

- << Je suis une mutante……..J’ai de le don d’absorber l’énergie ambiante, de la stocker et de la restituer sous forme de rafales électriques…et si je t’ai suivis Célia, c’est que ton comportement étrange, fuyant me fait penser que tu as toi aussi un gêne x. Est-ce que je me trompe ? >>

*Comment ça une mutante ? Le gène X ? J'ai l'air de ressembler à un gène ?*, grogna Soeur Louve, agacée.

L'égyptienne ne répliqua pas tout de suite et elle eut raison car la mutante se tourna vers l'anglaise et l'accusa soit d'être aussi mutante soit d'être cinglée. Puis elle s'enfonça dans son siège et s'alluma une cigarette. En quelques secondes, la cigarette vola et atterrit dans la poubelle. La jeune louve la regarda avec ses yeux jaunes dorés et souffla un: "C'est possible" avec un léger sourire.

"Disons que je vis avec une sorte de malédiction plutôt qu'un don. Je ne savais pas qu'il y en avait d'autres qui avaient ce genre de capacités."

Après, elle emmena son regard brillant vers Mirella et lui lança:

"Et toi ? N'ose même pas nier que tu es spéciale, vous avez la même odeur", désignant du coin de la tête, l'électrique brune.

C'est alors que la plus âgée se manifesta.
Elle disait qu'elle possédait des pouvoirs et donc être une mutante. Elle lui lança :

<< Et toi la miss avec tes histoires abracadabrante, cela ne m'étonnerai pas que tu ai une capacité aussi ? ou alors c'est que tu es simplement givrée.>>

Mirella n'avait pas l'habitude de se faire haranguée comme cela et elle se maitrisa pour ne pas laisser exploser sa colère. Puis avec un peu de réflexion, elle se dit que finalement, et malgré ses manières, cette jeune femme était surement une des seules personnes capable de la comprendre.

Parallèlement à ses réflexions, l'égyptienne n'était pas restée inactive, elle avait répondu avec une rapidité qui surprenait toujours Mirella.

Déjà une seconde question lui était posée sur cette appartenance à cette "race", les mutants, doté d'un gène qu'elles appelaient X.

Sûr, elle était différente des autres, ses rêves, cette faculté qu'elle avait de matérialiser ce qu'elle croyait n'être qu'un rêve justement, mais là elle ne savait plus trop quoi en penser ou dire.

"J'ai du mal à vous suivre, commença-t-elle, selon vous je serai une mutante avec un gène X ? Et comment je le sais moi que c'est le cas ou pas ? J'avoue qu'il m'est arrivé des tas de choses étranges depuis quelques années mais c'est la première fois que l'on me parle de "ça". Je crois qu'il va falloir que nous parlions plus longuement du sujet mais je craint également que ce ne soit pas le lieu le mieux indiqué."

Il y eu un moment de silence.

Mirella attendait de savoir comment réagiraient les jeunes femmes, non sans une certaine angoisse.

Célia semblait être étonnée qu’il y ait d’autres personnes ayant des capacités identiques ou autres, des mutants et Shock lui sourit. Elle la fixa du regard, placide et lui répondit :


_"Bien sur qu’il y en a d’autres, bien sur que nous ne sommes pas seuls possédant des capacités."


Shock s’enflammait sur ses idées et commençait à tenir un discours les yeux pétillants pleins de rêves regardant son verre.


_"Pour le moment nous sommes encore en minorités dans le monde mais bientôt nous seront de plus en plus nombreux. Certains se cache et adopte le précepte pour mieux vivre vivons cachés et d’autres comme moi revendique leur appartenance et rejoigne un groupe. Et la question est de savoir quel camp choisiriez-vous ? Quels sont vos projets de vie à long terme ? Vivre caché ? Ou vivre en liberté et revendiquez pleinement qui vous êtes ?"


Kat prit conscience qu’elle s’emballa dans ses paroles et fit court.


_"Mais enfin vous ne lisez pas les journaux ? Ou regarder les infos à la tv ?" Dit elle interloqué.


Shock regarda sa montre, puis attendait les réponses des deux jeunes femmes. Ainsi elle pourrait se faire une idée sur elles.

Célia attentive, aux mouvements des autres, avait remarquée que Mirella était dans ses pensées et était intriguée par les réflexions de Shock. La rêveuse pris finalement la parole après la lycanthrope et demanda plus d'explications sur ce qui lui était arrivé récemment ou pas. Puis elle fit remarquer que l'endroit n'était pas forcément adapté à ce genre de discussions; ce qui vexa un peu Célia, qui savait que les gens s'occupaient plus de leurs problèmes ici que de ceux des autres. Sans tenir compte de la dernière remarque de Mirella, Kat reprit:

-<<Bien sur qu’il y en a d’autres, bien sur que nous ne sommes pas seuls possédant des capacités.Pour le moment nous sommes encore en minorités dans le monde mais bientôt nous seront de plus en plus nombreux. Certains se cache et adopte le précepte pour mieux vivre vivons cachés et d’autres comme moi revendique leur appartenance et rejoigne un groupe. Et la question est de savoir quel camp choisiriez-vous ? Quels sont vos projets de vie à long terme ? Vivre caché ? Ou vivre en liberté et revendiquez pleinement qui vous êtes ?Mais enfin vous ne lisez pas les journaux ? Ou regarder les infos à la tv ? >>

La mi-louve écouta attentivement le discours de l'électrique brune mais ne pu s'empêcher de tiquer au mot "liberté", elle qui avait passé sa vie à se cacher, l'idée d'être libre lui procurait un peu de bonheur dans son monde si triste. Célia répliqua:

"Je me tiens généralement à l'écart de ces informations truquées. Pour certaines personnes, la presse n'est pas très flatteuse", dit-elle, ne pouvant s'empêcher de penser aux gros titres des journaux récents: "Le monstre de Rock Creek Park frappe encore !" "La bête féroce toujours en liberté !".
"Mais dis-moi, quel est-ce groupe qui nous permets de revendiquer qui nous sommes, de vivre en liberté. Je ne dis pas que ça m'intéresse mais j'aimerais en savoir plus."

Après cette phrase, Célia tourna son profond regard marron vers Mirella, elle attendais avec impatience de voir comment la belle anglaise allait réagir.

La chose qui avait retenu Célia, c'était la douce voix de l'anglaise qui lui confiait ses impressions. Apparemment Mirella avait eu la révélation de son but dans la vie. Étrange comme si leur rencontre les avait changées toutes les deux, comme si elles étaient liées. La louve-garou voulut lui faire comprendre qu'elle devait partir mais l'autre brune ne lui en laissa pas le temps :

"Je sais maintenant que je suis là pour t'aider. Je sais que tu n'as pas eu une vie facile et que comparé à moi je n'ai pas forcément de conseils à te donner mais je souhaite faire quelque chose pour toi. Comme tu me l'as dit, c'est bientôt la pleine lune et je resterai auprès de toi pour t'aider à contrôler tes actions. Enfin si tu le veux bien ? "

L'égyptienne du réfléchir quelques instants, si elle acceptait la proposition de l'anglaise, elle la mettrais en danger ; mais si elle refuse, il y aura plus d'une victime. Célia se concentra et repensa à tous les soirs de pleine lune qu'elle avait déjà du affronter et malgré le peu de souvenirs qu'elle en avait chercha un moyen de se retenir pour le lendemain soir : sans succès.

« Bon d'accord, mais il faut bien que tu saches que c'est très dangereux pour toi. Si tu n'as pas peur de la mort, retrouve-moi demain au coucher du soleil à l'endroit où on s'est rencontrées. » Elle récupéra son tablier et reprit commande tout en attendant patiemment que Mirella s'en aille.


Le lendemain soir, la louve-garou méditait dans le parc. Elle avait réfléchi à tous les paramètres pendant toute la journée et une des seules solutions serait que Mirella est un pouvoir assez puissant pour la bloquer. Le soleil commençait son voyage vers une autre partie du monde se reflétant rose-rouge sur l'eau du lac. Quand Célia entendit des bruits de pas assez lointain, elle reconnut la démarche de l'anglaise. Tout était silencieux dans Rock Creek Park : le calme avant la tempête. Les gens rentraient chez eux tranquillement sans se douter du danger qui les menaçaient. Seuls des adolescents peu soucieux des gros titres des journaux étaient restés dans le parc. A présent, Mirella était devant l'égyptienne. La louve-garou s'approcha de son oreille et lui chuchota :

« Je ferais tout pour te protéger mais sache que je pourrais aussi être sans pitié. Es-tu toujours prête à prendre le risque ? »

La nuit était tombée très vite et les nuages allaient bientôt laisser dépasser une sphère céleste pleine depuis Washington aux conséquences aussi tragiques que désastreuses.