Fin de semaine, la tranquillité dans le parc [PV Isobel]

"Bien, je pense que ce sera tout pour aujourd'hui, le cours est fini, vous pouvez y aller."

Aussitôt la phrase annoncée, les élèves, déjà prêts pour certains, sortirent tous de la salle de cours en vitesse, se dépêchant d'aller enfin se reposer ou chercher leurs affaires afin de quitter l'Institut. On était vendredi, la majorité des élèves étant d'Amérique, la plupart rentrait chez leur famille pour le week-end. D'autres vivaient dans l'établissement de manière permanente en tant que pensionnaires, des étrangers ayant trouvé refuge chez les x-men, ou des internes américains préférant rester dans ce lieu qui était à présent leur nouveau chez eux plutôt que de retourner dans leur famille. Deaglann faisait parti de ces derniers, et il n'était pas pressé de sortir, il aimait les cours qu'on leur donnait, même si à la grande déception de beaucoup, on devait autant suivre des études "normales" qu'apprendre à contrôler leurs pouvoirs. Il passa rapidement dans sa chambre pour y déposer ses affaires de cours, avant de regarder abstraitement par la fenêtre. Il n'était pas très tard, aux alentours de 17h, mais malgré le soleil qui tapait encore à l'annonce de l'été, le temps était agréable grâce à un vent frais qui faisait bruisser les arbres et rafraîchissait l'air. Il avait encore largement le temps de se balader dans le parc avant de manger, il avait besoin de calme, et le week-end n'était pas arrivé aussi vite qu'il l'espérait ...

Tout en se dirigeant vers l'extérieur, il pu repenser à toutes ces pensées et tous ces esprits qui finissaient par le bousculer en fin de semaine, quand l'esprit des élèves bouillonnaient et qu'il fatiguait de devoir les entendre. Il aurait pu bloquer son esprit et se fermer à ce genre de contacts insensibles pour les autres humains et mutants mais harassant pour lui. Cependant il ne pouvait pas s'empêcher de rester aux aguets, attentifs aux agitations internes qu'il ne pouvait d'écouter d'une "oreille" psychique attentive. Jusqu'à présent, sa conduite était passée inaperçue, mais il redoutait le jour où le professeur Xavier, Jean Grey ou d'autres télépathes s'en rendrait compte. Il continuait à déclarer que la télékinésie était son seul pouvoir, qu'il contrôlait de manière approximative sans faire vraiment d'efforts, et qui ne se développait pas. La télépathie avait toujours été son secret, il ne pouvait pas faire autrement. Mais comme il n'en parlait à personne, il n'avait pas l'occasion de s'entraîner réellement ou de demander conseil afin de développer ses pouvoirs. Il se contentait de fouiner, de laisser traîner son esprit, mais devoir le cacher l'empêchait de l'épanouir.

Il ne savait pas trop quoi faire, depuis qu'il était revenu de son coma il ne savait plus trop ce qu'il faisait. Il ne parlait à personne et se contentait de suivre le cursus scolaire, il ne s'entraînait pas, il pensait. Toute son activité était intérieure, rien de concret. Il avait pourtant tant de projets ... Il était à présent arrivé dans le parc, et continua à penser tout en marchant. Il y avait un croisement avec une fontaine où il était agréable de se poser. Il s'y dirigea tranquillement, espérant ne croiser personne pour le déranger. Quoique ... ça pouvait lui faire un peu d'animation, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eut de discussion intéressante, il allait finir par oublier comment communiquer avec ses semblables autrement que par télépathie, et alors il serait démasqué. Cette pensée le fit sourire sur sa route.

DRRIINNGG !!!!!!!!!!

Le son de la cloche retentit dans tout l'institut signalant la fin des cours et le début d'un week-end bien mérité. Isobel ne savait pas si c'était due au fait qu'elle avait été enfermée pendant 3 heures dans la salle de cours et sans aération, mais elle avait un besoin urgent de prendre l'air. Elle rangea illico presto ses affaires, prit son sac et sorti de la salle dans les premiers, chose assez rare pour elle. Ororo se tourna vers elle et la dévisagea avec un air des plus étonné. Mais pour une fois elle s'en fichait totalement, une seule chose comptait, prendre l'air et se vider la tête. Elle n'avait pas énormément de devoir, il n'y avait pas d'entraînement en salle des dangers et surtout personne à qui parler. En effet la jeune femme d'un naturelle solitaire ne s'était pas fait énormément d'amis parmi les élèves de l'institut malgré les années passés dans l'enceinte de l'établissement.

En ce vendredi soir beaucoup d'élèves rentraient dans leur familles tandis que les internes comme elle restaient à l'institut et voguaient a leurs occupations respectives. Ce n'était pas les activités qui manquaient ici, le manoir disposait de divers terrains de sport pour les plus sportifs, une bibliothèque gigantesque pour les plus littéraires, une salle informatique pour les petits pro de l'informatique sans oublier les pièces à vivre, salon, cuisine et chambre où chacun pouvait trouver quelque chose pour passer le temps et se divertir.

Mais ce qui attirait le plus la jeune femme c'était l'immense parc qui entourait le manoir. De la végétation à perte de vue composé de forêts, bosquets, pelouse et d'une flore abondante et diversifié. Isobel arpenta les couloirs bondés de l'institut, il était difficile pour elle d'atteindre sa chambre dans tout se brouat ambiant. Les roulettes des valises résonnaient dans les marches, les voix, les rires sillonnaient eux aussi les couloirs. Elle croisa son amie Paige qui lui intima qu'elle allait faire un tour à la bibliothèque, mais Isobel lui répondit qu'elle préférait bouquiner dehors.

Une fois le fameux sésame récupérer elle descendit les marches quatre à quatre, bouscula quelques personne qui lui barrait le passage pour se faufiler dans la foule, et enfin elle franchit le seuil de la porte et pu prendre enfin une bouffé d'air gelé qui lui empli les poumons. Il faisait froid, comme d'habitude, mais au moins il faisait beau et d'autres élèves qui avaient du temps libre jonchaient les pelouses du parc. Elle retrouva quelque peu le sourire et fixa un endroit libre sur un banc, tout près de l'une des fontaines du parc.

En quelques foulées la jeune géomorphe était arrivé à bon port. Elle s'assit sur le banc en bois regardant tout autour d'elle la faune et la flore qui s'agitaient puis sortit de son sac le livre qu'elle venait de récupérer et commença sa lecture.

Quelques pages plus tard elle fut interrompu par des bruit de pas venant en sa direction. Relevant la tête elle aperçu un jeune homme venir vers elle. Il airait, perdu dans ses pensées, et n'avait apparemment pas remarqué la présence de la jeune étudiante. Rapidement elle reconnue le jeune homme, il s'agissait de Deaclann, un jeune télékinésiste plutôt discret et qui ne faisait pas parler de lui.

*Surement un solitaire comme moi !* Pensa-t-elle en esquissant un léger sourire.

Ils avaient deux années d'écart, mais il avait l'air tellement seul et bout en train qu'Isobel s'en fichait complétement. En plus elle aussi était solitaire, et elle aurait donc aimer faire plus ample connaissance avec le jeune Deaglann. Mais comment s'y prendre ? Après tout elle ne le connaissait que très peu.

Isobel se replongea donc dans son roman tout en espérant que le jeune homme l'a remarque l'aborde.

Arrivé au bout d'une allée, Deaglann pu entendre le brut apaisant et calme de la fontaine avant de l'apercevoir. Il tourna à l'angle, s'apprêtant à s'asseoir tranquillement lorsqu'il aperçu une étudiante de l'Institut, déjà arrivée sur les lieux avant lui et qui devait sûrement être en train de lire tranquillement avant qu'il arrive. Elle lui avait jeté un regard en le voyant débarquer, et sourit légèrement, mais Deaglann ne sut pas si c'était une sorte de salut qu'elle lui lançait ou si une pensée l'avait amusée. Cela n'allait pas rester sans réponse, mais dans le doute, et pour rester correct et avenant, le jeune télépathe lui fit un bref hochement de tête en souriant doucement, afin de la saluer à son tour. Cependant, au moment où il commençait à s'exécuter, la jeune mutante abaissa la tête pour continuer sa lecture.
S'approchant lentement, et un peu mal à l'aise de lui avoir fait signe sans qu'elle le voit, Deaglann chercha à savoir ce à quoi elle pensait, même s'il ne s'attendait pas apprendre grand chose : lorsque les gens lisaient, il semblaient comme enfermés dans une autre dimension, l'expression "d'être dans sa bulle" était tout à fait approprié car la concentration qu'on pouvait porter à un écrit faisait oublier le reste. Il arrivait parfois qu'une lecture engendre une réflexion ou des questionnement qui devenaient plus intéressant à écouter pour un télépathe, mais cette fois, ce n'était pas le cas. Deaglann s'attendait d'ailleurs à ce genre de situation et fut surpris, car alors qu'il pensait que la jeune mutante, plus âgée que lui, l'aurait ignoré et aurait été plus intéressée par sa lecture que par autre chose, il se rendit compte que ses pensées étaient tournées vers lui. Elle ne lisait pas vraiment mais attendait qu'il se passe quelque chose, qu'il vienne lui parler. Elle pensait d'ailleurs à lui comme si elle le connaissait, mais Deaglann avait mis du temps avant de la sonder mentalement et il avait raté les pensées qu'elle avait eut à son égard en le voyant arriver, mais son impression vis à vis de lui était toujours présente.

En temps normal, Deaglann aurait sûrement continué sa route, laissant la mutante à sa lecture et il aurait cherché un endroit isolé où se poser, mais il était toujours un peu gêné qu'elle n'ait pas vu le signe qu'il lui avait adressé tout à l'heure, et le fait qu'elle ait elle aussi envie de lui parler lui enlevait toute crainte de la déranger. Il continua donc de s'avancer et s'adressa à elle afin de la prévenir en quelque sorte :

" - Salut "

Il finit d'arriver juste devant elle, lui ayant ainsi laissé un bref instant pour le voir arriver et ne pas la surprendre, puis Deaglann lui demanda :

- Je te dérange peut être ? Fit-il en jetant un bref coup d'œil au livre de la mutante. Si tu veux continuer à lire je vais pas t'embêter, j'étais juste étonné de voir quelqu'un ici aussi vite alors que tout le monde sortait à peine des cours.

C'était peut être un peu hypocrite de sa part de poser cette question étant donné qu'il savait très bien que la lecture d'Isobel ne l'absorbait pas tant que ça et qu'elle préférait parler avec lui, mais il n'avait pas trouvé mieux pour démarrer la conversion.

Lorsqu'Isobel entendit la voix du jeune homme lui parlant, elle feint un sursaut. Elle qui pensait être un vrai fantôme pour le reste du monde. Elle regarda Deaglann puis détourna son regard de lui pour cacher sa rougeur faciale, signe de sa timidité. Elle n'osait pas le regarder, même si elle n'avait qu'une seule envie, le découvrir d'avantage. Par contre, lorsqu'il s'approcha se retrouvant face à elle, elle fut prise d'une certaine panique.

Elle ne savait pas comment elle devait agir pour enchaîner la conversation. Les seules personnes avec qui Isobel avait parlé ses dernières années se fut ses parents , son frère, ses professeurs, Paige et quelques autres étudiants de l'institut. Et encore même lorsqu'elle rencontrait sa famille et ses professeurs, elle ne leur parlait pas beaucoup. Lorsque Deaglann lui demanda s'il ne la dérangeait pas et que si elle le voulait il pouvait la laisser terminer son livre tranquillement, la géomorphe releva la tête pour répondre au jeune télékinésiste.

- "Ah Bonjour, je ne t'avais pas entendu arriver. Tu ne me déranges pas..." Dit-elle un peu gênée avant de reprendre.

- "Tu as raison, d'habitude je prend mon temps pour sortir mais là j'avais besoin de calme et de m'éloigner de l'effervescence des vendredis soirs. Et puis je viens souvent bouquiner ici au grand air, il n'y a que moi et la nature. Enfin aujourd'hui il y a toi aussi. Si tu veux tu peux rester et t'assoir, cela ne me dérange pas tu sais." Continua-t-elle tout en souriant au jeune homme.

D'instinct elle eut confiance en Deaglann ce qui lui permit de prendre le dessus sur sa timidité. D'après ce qu'elle avait pu voir, le garçon aux yeux couleur violine semblait calme et c'est exactement ce que le jeune femme avait besoin. Sans comprendre, Isobel se sentait bien plus sereine depuis l'arrivé de Deaglann et mis tout en œuvre pour que le jeune homme soit en confiance et ne se sauve pas en courant rien qu'à l'idée d'être en compagnie de la demoiselle.

- "C'est un magnifique endroit n'est-ce pas ?" Dit-elle en regardant son interlocuteur droit dans les yeux.

Après que Deaglann se soit adressé à elle la première fois, la jeune mutante surprise de son salut se tourna vers lui avant de rapidement regarder ailleurs pour cacher sa gêne. Le télépathe, comme à son habitude, suivait le parcours intérieur qui se tramait en elle et avait été déconcerté lorsqu'il avait ressentit son affolement à son approche. Il avait même hésité à reculer afin de la rassurer mais s'était finalement adressé à elle normalement. Elle semblait extrêmement timide, ce dont Deaglann n'avait pas trop l'habitude : il avait certes déjà rencontré des personnes qui manquaient d'assurance, mais jamais personne n'avait été paniqué face à lui, vu qu'il faisait tout pour passer inaperçu et se montrer banalement sympathique lorsqu'il s'adressaient aux autres. Mais visiblement cette fille n'avait pas l'habitude de beaucoup s'exprimer avec d'autres personnes justement, à peine une poignée de proches dont la majorité étaient des membres de sa famille.

Pourtant, après que Deaglann lui ait annoncé qu'il pouvait la laisser si elle désirait rester seule, elle sembla se ressaisir un peu et le salua en retour en déclarant qu'il ne la dérangeait pas. Deaglann sentait qu'elle devait se forcer un peu pour lui parler, mais elle commença à rebondir sur ce qu'il avait dit, s'expliquant sur la raison de sa présence en ce lieu. Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle semblait se détendre et s'exprimer plus librement, parlant d'elle-même et de ce qu'elle aimait faire. Elle lui proposa de s'asseoir et le jeune homme s'exécuta en s'asseyant sur le rebord du cercle de pierre qui entourait l'eau de la fontaine, juste en face du banc sur lequel se trouvait Isobel.

Il y eut ensuite un léger silence, un instant très court durant lequel ils prirent un instant pour se détailler l'un l'autre. La jeune femme était plus tranquille à présent, elle semblait rassurée par la présence de Deaglann dont le regard violet mettait pourtant les gens mal à l'aise au premier abord, avant qu'il ne finissent par s'y habituer. Son attitude vis à vis de lui était plutôt … pratique, car en étant en confiance par rapport à lui, elle lui permettait en quelque sorte, à ses dépend malheureusement, d'accéder plus facilement à son esprit. Le télépathe comprit ainsi les raisons de sa timidité en apprenant la manière dont la plupart de ses camarades de classe l'avaient traitée depuis des années, prenant son intelligence et l'intérêt qu'elle portait aux cours en répondant systématiquement aux questions posées pour de la prétention. Elle avait plus l'habitude de se perdre dans un livre, seule, que d'être spontanée avec des gens de son âge qui ne comprenaient pas forcément l'attrait qu'avaient les études pour elle.

"-C'est un magnifique endroit n'est-ce pas ? "

Ainsi questionné par sa camarade mutante, Deaglann délaissa ses découvertes de côté. Elle croisait son regard, sans ciller, pas gênée le moins du monde par la couleur inhabituelle de ses yeux.

"- Oui, répondit-il après avoir inspiré calmement et en observant autour de lui, je trouve aussi. C'est encore plus agréable quand il y a moins d'agitation en fin de semaine, quand il y a moins de bruit et que beaucoup de mutant quittent l'Institut. Il se tu l'espace d'une seconde puis repris en se tournant à nouveau vers Isobel. C'est bizarre qu'on ne se soit pas croisé avant d'ailleurs, je sors aussi souvent dans le parc, mais je ne fais pas trop attention à ce qu'il y a autour de moi. Tu es là depuis longtemps d'ailleurs ? "

Deaglann se coupa un bref instant, se demandant s'il n'était pas mieux de ne pas la harceler de question, mais finalement, il savait que ce passage dans la discussion allait forcément arriver à un moment ou à un autre pour qu'ils se présentent et il décida de gagner du temps.

" - Et puis, ajouta-t-il avec un sourire en coin, tu vas trouver que c'est des questions qu'on entend tout le temps ici mais bon, tu t'appelles comment et c'est quoi tes pouvoirs ? Moi c'est Deaglann, télékinésiste, rien de très original. C'est un peu un pouvoir dont on entend beaucoup parler. "

Le beau brun ténébreux vint s'assoir sur le bord de la fontaine, face à la jeune femme. Lui aussi trouvait l'endroit agréable loin de l'agitation des vendredis soirs, loin des bruits, loin de la cohue généré par les élèves de l'institut. Le jeune homme trouva étrange qu'ils ne se soient jamais rencontrés car lui aussi fréquentait assez souvent ce lieu bien qu'il ne prêtait pas souvent attention aux personnes qu'il pouvait croiser lors de ces escapades dans le parc.

Deaglann demanda à la géokinésiste si cela faisait longtemps qu'elle était là. Elle ne compris pas de suite ce que le jeune homme entendait par « Tu es là depuis longtemps d'ailleurs ». Voulait-il savoir depuis quand Isobel était arrivée à l'institut ou tout simplement voulait-il savoir depuis combien de temps elle était assise là, seule avec la nature.

- "Euh tout dépend de ce que tu entends par « être là depuis longtemps », je suis arrivée à l'institut il y a de ça quelques années, 4 pour être précise. C'est pour te dire à quel point je connais bien les petits coins tranquille pour bouquiner." Répondit-elle naturellement avant de reprendre.

- "Sinon dès que la sonnerie a retentit, je me suis empressée de remonter dans ma chambre pour récupérer mon livre et redescendre ici. Cela fait environ dix minutes que je suis assise là, en communion avec la nature." Plaisanta-t-elle.

Les deux jeunes gens avaient entamé la conversation sans même se présenter et au moment ou Isobel allait lui demander son identité, le jeune homme la pris de court et le demanda avant elle, tout en se présentant préalablement. Le jeune garçon s'appelait Deaglann et possédait le don de télékinésie tout comme Azélyne ou encore le docteur Grey. Pour lui son pouvoir n'avait rien d'original étant posséder par de nombreux mutants.

- "Enchantée Deaglann, je suis ravie de faire ta connaissance. Moi c'est Isobel, c'est ma dernière année ici en tant qu'étudiante et avant toutes choses, je ne suis pas d'accord avec toi. Tout les pouvoirs sont originaux et se valent les uns et les autres. Pour moi ce n'est pas le don que l'on a qui fait la différence, mais la maîtrise de celui-ci." Dit-elle d'un ton assuré.

Isobel était sûre d'elle et elle maitrisait très bien le sujet, ce qui lui permit de vaincre sa timidité quelques instants avant de reprendre.

- "Quant à mon pouvoir, comment dire... non justement, je ne vais pas te le dire ! Je vais faire mieux, je vais te le montrer et tu n'auras plus qu'à me donner ton avis."

A ce moment là, Isobel prit une profonde inspiration et serra son poing afin de créer une petite secousse sismique. La terre se mit à trembler un instant, un simple instant qui suffit à déséquilibrer le jeune homme qui se trouvait sur le bord de la fontaine. Afin que ce dernier ne tombe pas à l'eau, la jeune femme arrêta net les tremblements du sol et demanda à Deaglann un peu gênée.

- "Ça va ? Tu n'as pas été trop surpris ? Je suis désolé, j'avais oublié que tu étais sur le bord de la fontaine et que tu risquais de tomber. Enfin... maintenant tu dois avoir trouver le genre de pouvoir que je possède."

Isobel se perdait de plus en plus dans le regard violine du jeune homme, attendant avec impatience les réponses à ses questions tout en espérant que ce dernier ne prennent peur suite à ce petit incident.

Ainsi donc, la mutante en face de lui était ici depuis pas moins de quatre ans, elle était là depuis beaucoup plus longtemps que lui. Deaglann se demanda jusqu'à quand on pouvait séjourner ici, mais il semblait qu'il n 'y avait pas de limites, l'établissement hébergeant toutes les tranches d'âges, et même leurs professeurs faisant parti des x-men résidaient dans l'Institut. C'était à se demander où le professeur Xavier trouvait les fonds pour entretenir les bâtiments et toute ce monde …

Après que Deaglann l'ait questionné et qu'il se soit présenté avant elle par politesse et afin de la mettre à l'aise, Isobel lui répondit à son tour, il trouvait d'ailleurs qu'elle avait un prénom plutôt joli, et elle le reprit sur la brève réflexion qu'il avait faite quant au manque d'originalité de ses pouvoirs. Selon le point de vue de la jeune femme, la maîtrise des pouvoirs faisaient la différence, et Deaglann acquiesça d'un hochement de tête. Ce qu'elle lui disait était vrai, mais pourtant, même ici, à l'Institut, là où tous les mutants étaient libres de vivre librement et d'utiliser leurs pouvoirs sans crainte d'être jugés, le télépathe continuait à les utiliser discrètement, comme lorsqu'il habitait chez sa tante où qu'il vivaient parmi les humains dans son ancienne école. Il avait vécu plus de dix-sept ans dans le secret et le mensonge (dont une année dans le corps d'un nouveau né après l'incident pendant le cours de Salmira et le long coma qui avait suivit), et même en ce lieu de liberté qu'était l'Institut, il ne pouvait se résoudre à changer ses habitudes et utilisait rarement son pouvoir visible, la télékinésie. Difficile d'en avoir une maîtrise digne d'un mutant confirmé dans cette situation, mais son orgueil supportait cette faiblesse en lui grâce à la télépathie qu'il contrôlait beaucoup mieux, surtout après ce qu'il lui était arrivé lorsque son esprit avait été séparé de son corps.

" - Quant à mon pouvoir, continua Isobel, comment dire... non justement, je ne vais pas te le dire ! Je vais faire mieux, je vais te le montrer et tu n'auras plus qu'à me donner ton avis. "

Deaglann s'attendait à ce qu'allait faire Isobel, suivant toujours le cours de ses pensées, mais il n'avait pas pensé qu'elle s'exécuterait aussi vite. Au moment où le sol se mit à trembler, il eut à peine le temps de se laisser glisser du rebord de la fontaine pour poser les pieds sur le sol et garder un peu d'équilibre pour ne pas chuter. Le voyant réagir, Isobel mit fin aux vibrations telluriques et s'excusa, avant de lui dire qu'il devait avoir trouvé la nature de ses pouvoirs à présent.
Elle le fixait avec une intensité inhabituelle, et le mutant sentait son impatience, mais il n'en comprenait pas vraiment la raison. Il supposa qu'elle ne devait pas oser aller vers les autres habituellement, et cette rencontre avec lui devait la changer de sa solitude. De toute façon il ne la jugeait pas, tout comme il ne jugeait jamais personne. Il la trouvait assez intéressante et d'un tempérament calme, cela lui convenait. Il n'avait cependant pas l'habitude qu'on fixe volontairement ses yeux, on essayait généralement de les éviter, mais il continua à garder un visage détendu et répondit à Isobel :

" - Ne t'inquiète pas, je n'ai rien mais tu m'as un peu surpris, mentit-il en esquissant un sourire, j'ai failli prendre un bain. Enfin bref, pour tes pouvoirs je crois que j'ai compris, et que je connais même le nom exact vu que j'ai déjà rencontré une mutante qui avait le même. C'est de la géokinésie c'est ça ? Tu contrôles la terre en gros. Tu m'as l'air de bien contrôler tes pouvoirs, en même temps si ça fait quatre ans que tu es là ... Je suis les cours de l'Institut mais je ne me suis jamais entrainé à avoir plus de maîtrise sur mon pouvoir, c'est peut être pour ça que je disais que ça manquait d'originalité tout à l'heure. "

Contrairement à ce qu'il avait affirmé avec une assurance feinte, ce n'était pas exactement cela vu que de son point de vue, Isobel avait le terme géomorphe en tête puisqu'elle avait la capacité de mouvoir et restructurer la terre, d'où le terme. Cependant, Deaglann se demandait si malgré le nom qui changeait, Isobel et Macha n'avaient quand même pas le même pouvoir au fond. Même s'ils n'avaient jamais vraiment parlé de ce sujet Macha et lui, elle avait elle-même déclaré faire de la "géokinésie" lors du premier cours auquel Deaglann avait assisté, et il s'était évidemment renseigné grâce aux souvenirs de l'Irlandaise.

Le télépathe commençait à se sentir touché dans sa fierté à force de rencontrer des mutants dont les pouvoirs étaient visibles et impressionnants. Certes, il n'avait aucune envie de se dévoiler, et certes c'était pratique pour lui d'être discret. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir l'ambition d'agrandir ses pouvoirs, surtout en ce qui concernait la télékinésie dont personne n'avait à se méfier. C'était pour cela qu'il avait rebondit sur les pouvoirs d'Isobel et les siens avant d'attendre une réponse de la part de la jeune femme. Il se demandait si elle aurait une idée en ce qui concernaient des cours de pratique des pouvoirs afin de les développer.

L'après-midi touchait à sa fin et la soirée débutait sous de joyeux hospices. En effet, cela était bien l'une des rares fois où Isobel se livrait à quelqu'un à cœur ouvert. Deaglann avait réussi à faire tomber les barrières que la géomorphe avait dressées depuis son arrivée afin de se terrer dans le plus grand mutisme et dans une profonde solitude.

Le jeune homme avait réussi à se rattraper au bord de la fontaine et avait par la même occasion éviter de se retrouver tremper comme un canard mais ce qui soulagea Isobel c'est qu'il ne lui en voulait absolument pas, et en avait même déduit la nature de ses pouvoirs.

- "C'est bien ça je suis géokinésiste... enfin je préfère dire géomorphe, c'est la même chose à peu de chose près. Je suis capable de contrôler les phénomènes sismiques de petite ampleur et de créer des tremblements de terre, je peux également mouvoir la roche selon ma volonté et la restructurer." Répondit-elle avec un vocabulaire assez technique tel un exposé sur ses pouvoirs.

Deaglann lui avoua suivre les cours de l'institut mais jamais n'avoir travaillé la maîtrise de son pouvoir, et il était vrai que les plus jeunes n'avaient pas souvent l'occasion de passer de la théorie à la pratique. En effet le jeune Irlandais ne découvrait encore que les aspects théoriques de la maîtrise de son gène contrairement à Isobel, de deux ans son aînée qui était passée à la pratique avec ses différents professeurs. La pratique se divisait en deux parties, la première concernant la maîtrise de ses émotions afin d'acquérir le potentiel optimal de ses pouvoirs, la seconde partie quant à elle se composait d'entraînements intensifs dans une salle cachée dans les sous-sol de l'institut, la fameuse salle des dangers, une salle dont le nom disait tout.

Isobel était contrainte au secret à propos de ces entraînements et de plus Deaglann serait bientôt en âge pour découvrir lui aussi le potentiel de ses dons. La jeune femme chercha donc une solution pour aider le beau brun à s'épanouir et découvrir ce qu'il avait dans le ventre. Les minutes s'écoulaient et le chant des oiseaux avaient remplacé les mots échangés entre les deux mutants, quand soudain l'esquisse d'un plan vint se dessiner dans la tête de notre blondinette.

- "Tu sais je ne t'ai pas tout dis sur mes pouvoirs... Hum comment t'expliquer... Depuis peu, j'ai appris à recouvrir mon corps de pierres, de roches ou encore de sable afin de me - protéger, c'est comme une armure, une armure un peu particulière. Mais ce n'est pas tout apparemment je serais également capable de transformer une simple pierre en diamant, le diamant, le minéral le plus solide que cette planète n'ai jamais porté."

Isobel s'arrêta quelques instants avant de reprendre.

- "Mais tout cela n'est pas innée, ça demande du temps, beaucoup de temps, beaucoup d'heures d'entrainement, c'est un énorme travail tant sur le physique que sur le mental. Bref j'en viens au fait."

Isobel se leva et pris une grande inspiration, puis fit léviter autour d'elle de façon circulaire de petites pierres avant de reprendre.

- "Tu vois je suis capable de faire tourner autour de moi ces petites pierres car je suis une géomorphe, mais en tant que télékinésiste tu peux toi aussi faire la même chose que moi. Moi je n'ai d'action que sur la roche mais toi, toi tu as bien plus d'option, tu peux faire de même avec de l'eau par exemple, certes tu n'auras pas la même maîtrise qu'un hydromorphe mais tu réussiras à faire quelque chose. Si tu veux je peux t'aider. Je ne te dis pas que je suis une excellente prof mais je pense qu'on peut faire quelque chose ensemble. On peut commencer maintenant si tu le souhaites, tu vois ces pierres je vais les envoyer dans ta direction, à toi de les arrêter avec tes pouvoirs. Je vais commencer doucement je te rassure. Tu me dis quand tu es prêt."

La jeune femme se concentra, se mit en position offensive et observa Deaglann afin de ne pas le blesser si ce dernier n'aurait pas la capacité de rattraper le projectile. Isobel en était persuadée, cela serait bénéfique pour chacun d'entre eux, cela lui permettait de se faire un ami, un confident et de partager ses connaissances, mais cela permettait surtout à l'Irlandais d'enfin travailler sur ses dons et ainsi apprendre à les développés.

Un dernier coup d'œil vers le jeune homme qui attendait l'attaque de pied ferme et toutes les conditions étaient désormais réunies pour commencer l'entraînement. La jeune femme se cala sur ses deux jambes et lança son premier jet de pierres.

Deaglann écoutait attentivement ce que lui répondait son interlocutrice, visiblement bien au point sur la nature et l'effet de ses pouvoirs, et d'après ses explication, le jeune irlandais compris ainsi pourquoi le terme de géomorphe était tout aussi adapté. Elle pouvait intervenir à l'essence même de ce qui faisait la terre ou la roche, et en remodeler l'organisation, peut être même pouvait-elle agir sur les atomes qui constituent toutes ces matières et en changer ainsi la disposition.
Mais autre chose attira sa curiosité compulsive car après avoir annoncé qu'il n'avait jamais eut l'occasion de suivre un cours sur ses pouvoirs, le télépathe suivit la réaction qu'eut Isobel lorsqu'elle se remémora cette partie de l'apprentissage qu'elle connaissait. Il y avait évidemment des rumeurs sur la salle des dangers, et la plupart des nouveaux élèves inconscients du réel danger qui nommait justement cette salle, ne rêvaient que d'y entrer afin d'y mesurer leurs pouvoirs. Deaglann était plutôt intéressé d'entendre parler de l'existence de cette partie de l'Institut à travers Isobel, mais pour quelqu'un comme lui qui voyait son pouvoir mental avant tout, ce n'était pas un endroit qui réveillait d'ardents désirs d'action et dans lequel il pourrait les satisfaire.

Cependant, il appréciait qu'Isobel se mette à chercher une alternative à cette salle pour l'aider à travailler un peu ce pouvoir qu'il utilisait au quotidien (au sein de l'Institut uniquement) pour pousser une porte ou se simplifier quelques gestes d'une manière ou d'une autre, mais sur lequel il ne s'était jamais vraiment concentré, c'était un pouvoir qu'il n'avait jamais pousser plus loin qu'un minimum nécessaire. La jeune mutante réfléchissait et Deaglann restait silencieux, absolument pas gêné par ce silence qui n'était que le signe d'une activité intérieure invisible aux yeux de presque tous, mais qu'il se plaisait à observer.
Au bout de quelques minutes, une idée émergea dans l'esprit d'Isobel, qu'elle se mit à introduire en se prenant pour exemple et en donnant un peu plus de détail au jeune homme sur la nature de ses pouvoirs. Elle expliqua qu'elle en découvrait encore à son niveau certains aspects, et semblait capable de transformer une pierre en diamant, ce qui inspira aussitôt une rapide analyse de Deaglann, pensant intérieurement que la géomorphe agissait donc bel et bien à l'échelle des atomes ce qui lui permettait de restructurer un simple caillou en un diamant, les deux composés avec le même élément, le carbone, mais pas avec la même structure. C'était très intéressant mais il ne coupa pas son interlocutrice car le but d'Isobel n'était pas seulement de parler d'elle mais de permettre au jeune irlandais de comparer ses pouvoirs, en lui faisant comprendre que c'était avec le temps et le travail qu'ils se développeraient.
Elle fit s'élever dans l'air quelques pierres tout en continuant ses explications. Deaglann se dit qu'elle essayait probablement de lui apporter un peu plus d'assurance en valorisant le pouvoir qu'il possédait, mais elle était objective et ses paroles étaient justes.

" - On peut commencer maintenant si tu le souhaites, tu vois ces pierres je vais les envoyer dans ta direction, à toi de les arrêter avec tes pouvoirs. Je vais commencer doucement je te rassure. Tu me dis quand tu es prêt. "

Isobel changea de posture, prête à l'attaquer, ce qui était plutôt inhabituel pour le jeune mutant, de voir ainsi une jeune femme sur le point de le lapider par géokinésie, mais il savait qu'elle cherchait à ne pas le blesser et il était pleinement rassuré. Cependant, son orgueil n'appréciait pas beaucoup ce traitement : il avait du mal à accepter l'idée qu'elle se retienne, il voulait faire ses preuves et arrêter des projectiles lancés avec beaucoup puissance même s'il se doutait qu'il n'avait pas actuellement les capacités pour les stopper net. Mais sa fierté n'était pas prêtre à lui permettre de se laisser faire, il allait s'y mettre à fond et montrer que malgré ses lacunes, il n'était pas un débutant. Il recula un peu, se tînt bien droit et les bras le long du corps, immobile, prêt à encaisser un choc. De toute façon, Isobel avait annoncé qu'elle commencerait doucement au début, elle voulait surement ne pas le brusquer et il tenait à l'étonner au premier essai, pour ne pas rater le début au moins. Il se dit qu'il n'assurerait sûrement pas aussi bien si elle se mettait à envoyer plus fort les fois suivantes, mais il était vraiment décidé à marquer le coup pour le départ.

" - Je suis prêt, annonça-t-il, gardant son regard sur les pierres dont il serait la cible, essayant d'attendre qu'ils soient lancés avant d'agir dessus. "

La mutante lui jeta un dernier coup d'œil, puis elle lança ses projectiles. L'esprit vif, Deaglann réagit aussitôt et eut malgré lui un mouvement de recul, posant un pied en arrière sans pour autant se déplacer. Par réflexe, il écarta légèrement les bras en ouvrant les mains vers le sol, et au lieu de stopper les pierres devant lui comme il l'aurait voulu, il sépara la vague de pierres en deux, de chaque côté de son corps, et en modifiant la trajectoire pour qu'elles retombent sur le sol avant de le toucher. Tout cela c'était fait rapidement, l'espace d'un instant où Isobel les lui avait envoyé et lui les avait redirigés, mais il serra brièvement la machoire, une lueur sombre dans le regard. Il se calma rapidement mais expira entre les dents, tenta de ne laisser aucune expression transparaitre et prit la parole avant que le jeune femme n'ait le temps de commenter ce qu'il avait pu faire.

" - C'était pas ce que je voulais faire, dit-il aussitôt, comme cherchant à se justifier, mais gardant dans ses paroles un ton objectif et neutre. Je devais les arrêter et je les ai juste écarté, ce n'était pas le but de l'exercice. Dévier une trajectoire, ou même plusieurs, ce n'est pas ça qui me pose problème, je sais faire glisser les choses ou les détourner pour compenser le manque de puissance qu'on mes pouvoirs mais je n'ai pas fait front. Je pensais être prêt mais j'ai réagis trop vite, je sais ce qui m'attend maintenant j'essaierai de réussir la prochaine fois, va y, recommence. "

Aucun énervement n'avait parasité sa voix, mais Deaglann n'était pas satisfait, pas fier de lui, et il tenait à recommencer jusqu'à ce qu'il ait stoppé net les projectiles devant lui. Il se rendait compte que sa frustration était visible dans ses mots pour Isobel et il ne tenait même pas à lire ses pensées pour entendre ce qu'elle se disait sur lui. Il ne se laissait jamais emporter par l'énervement mais il ne s'était jamais vraiment entraîné à la télékinésie et n'avait donc jamais fait face à un échec pour lui par rapport à ses pouvoirs. Il savait au fond de lui qu'il n'aurait pas apprécié ce genre de situation et c'était peut être pour cela qu'il avait mis tant de temps à être dans une situation qui le forcerait à se confronter à un manque de capacité qu'il craignait. C'était juste un manque d'expérience et de pratique qui laissait ses réflexes agir pour lui, et il s'était débrouillé pour ne pas se faire toucher pas les pierres, mais il ne pouvait pas reconnaître que : "c'était bien pour un début", même si c'était certainement ce qu'allait dire Isobel pour le rassurer, ce qu'il ne tenait pas à entendre. Mais il prit sur lui et ne dit rien en attendant que la jeune femme ne lance à nouveau des projectiles.

Isobel lança l'assaut en direction du jeune homme, une attaque de faibles amplitudes afin de ne pas le blesser. Le jeune homme se tenait droit prêt à encaisser les coups mais, surpris par le style offensif il recula d'un pas vers l'arrière et d'un mouvement de bras sépara le jet de pierres de part et d'autres de son corps afin que celles-ci ne l'atteignent pas.

La jeune femme saisit rapidement l'agacement du télékinésiste en vue du regard noir qui hantait son visage et avant que celle-ci ne puisse s'exprimer sur ce premier essai, Deaglann pris la parole afin de lui fournir quelques explications pour se justifier sur ce qu'il venait de se passer.

Ce dernier lui expliqua que ce n'est pas ce qu'il voulait faire, qu'il avait tenté d'arrêter le jet de pierres mais qu'il n'avait juste réussit à dévier leur trajectoire, une chose à laquelle il était habitué afin de combler le manque de puissance de sa télékinésie. Il continua en expliquant qu'il avait réagi trop vite, ce qui n'était pas faux et qu'il était prêt à contrer une nouvelle attaque.

Deaglann était déterminé et ce n'était pas sans déplaire à la jeune femme mais elle allait devoir lui apprendre à prendre confiance en lui, à avoir confiance en sa télékinésie et surtout lui apprendre que la frustration dont il était épris n'allait pas l'aider dans la maîtrise et le développement de son pouvoir.

- "Tu n'as pas à te justifier, je ne vais pas te dire que c'était bien mais pour une première approche de l'aspect pratique de ton pouvoir on va dire que ce n'était pas si désastreux. Tu as tout de même réussit à dévier la trajectoire de mes pierres, ce n'est pas rien."

Isobel regarda son élève droit dans les yeux et sur un ton plus assuré, un ton qu'aurait pu prendre le professeur Summers s'il avait été à sa place et continua.

- "Tout comme moi, tu sais que les émotions que nous ressentons ont une grande influence sur la maîtrise de nos pouvoirs et c'est bien là qu'est le problème ! Je ne vais pas y aller par quatre chemins j'ai bien ressenti ta frustration et c'est cette frustration et ce manque de confiance en toi qui font que tu n'arrives pas à utiliser ton don correctement. Il faut que tu apprennes la notion de confiance en soi, je sais que tu es capable de grandes choses mais tant que tu ne croiras pas en toi et en tes capacités tu n'arriveras à rien. Cela fait 6 ans que je suis là et à mes débuts j'étais comme toi et regarde où j'en suis aujourd'hui et je n'ai pas encore tout appris. Alors oui tu ne vas pas y arriver du jour au lendemain, cela va prendre du temps pour avoir une maîtrise totale de ta télékinésie mais aujourd'hui tu es déjà capable de beaucoup, j'en suis sûre."

La jeune femme s'arrêta un instant afin d'analyser la réaction de son disciple, repris son souffle et repris plus calmement.

- "Respire un bon coup, ne pense plus à rien et focalise toi sur moi et uniquement sur moi, prend confiance en toi, je vais recommencer, même type d'attaque, même puissance, même trajectoire, la seule différence c'est que cette fois-ci tu prends ton temps, analyse la situation et arrête les, je sais que tu en es capable ! Alors prêt ?"

Notre blondinette reprit une position offensive, elle savait que le manque de confiance et la frustration de Deaglann y était pour beaucoup mais le jeune garçon semblait cacher autre chose. Quelque chose qu'il semblait porter comme un fardeau, quelque chose qui faisait obstacle, le bloquait et l'empêchait de se libérer entièrement. C'est le sentiment qu'Isobel ressentait à cet instant précis. Mais quoiqu'il en soit, il était temps pour le jeune homme d'affronter cette seconde offensive et de montrer ce dont il était capable. Ni une ni deux, un dernier coup d'oeil vers Deaglann et une farandole de pierres se dirigea vers lui.

Les premiers mots d'Isobel, étrangement, détendirent Deaglann. Sans qu'il comprenne trop comment, elle avait judicieusement choisit ses mots et ce qu'elle avait dit faisait écho en lui. Elle avait comprit ce qu'il préférait qu'on lui dise, et elle n'avait fait preuve ni de pitié ni de fausse compassion pour lui expliquer les choses. Elle avait été objective, pertinente, et cela suffisait pour éveiller un nouvel intérêt envers elle de la part du jeune mutant. En même temps, habituellement il ne montrait aucun signe de colère ou d'énervement quand cela arrivait, et il ne permettait donc pas aux autres de le comprendre ou de lui parler. Il avait bien changé depuis sa première arrivée à l'Institut, le voilà qui parlait de ses préoccupations à une étudiante rencontrée depuis quelques instants seulement, et il lui laissait même entrevoir son irritation. Encore un peu et il finirait par avouer qu'il était télépathe ...
Cette pensée lui remit un peu les idées en place, et même s'il éprouvait de la sympathie envers Isobel, il était incapable d'enlever sa carapace. Il se contenta de hocher la tête lorsqu'elle s'arrêta un bref instant de parler, et son visage était redevenu lisse, son regard tranquille, la colère était partie.

Isobel en face de lui croisait son regard, et s'adressa à nouveau à lui, d'un ton plus posé, pédagogue. Bien qu'il continuait à écouter attentivement ce qu'elle lui disait, Deaglann avait un peu plus de mal à accepter qu'on relève ses faiblesses; s'il avait apprécié la pertinence de la jeune femme, il n'aimait pas qu'elle puisse cerner des aspects de sa personnalité. Il restait malheureusement d'accord avec ses propos et compris où était son erreur, il n'aurait pas du s'énerver. Il savait qu'il pouvait se montrer d'un sang froid digne d'un serpent, et sa maîtrise de ses émotions était une de ses seules fiertés. Il devait se concentrer là dessus et oublier son appréhension à voir ses défauts révélés au grand jour. Ce n''était passager et il devait progresser le plus rapidement possible pour que ce ne soit plus qu'un mauvais souvenir. Il s'était laissé emporté face à cette situation qui lui était inconnue, mais il allait s'adapter. Il n'aimait pas qu'Isobel lui apprenne des choses évidentes qu'il aurait du anticiper, ou qu'elle lui parle comme à un élève, et bien tant pis, elle avait raison. S'il voulait apprendre et progresser, il devait accepter l'idée qu'il y ait forcément une autre personne pour lui enseigner les choses, même si cela lui tordait le ventre de reconnaître qu'il était donc logiquement moins compétent.

Isobel se tut à nouveau, elle prenait le temps de l'observait elle aussi … Il avait parfois l'impression de se reconnaître en elle, ou tout du moins certains comportements et attitudes. Il sourit légèrement : il avait l'impression de se sentir moins seul, et même s'il n'osait plus la sonder par télépathie à présent, il supposa qu'elle, qui était souvent à l'écart avec ses livres d'après ce qu'il avait compris, avait peut être le même sentiment.

" - Merci, fit-il, reconnaissant de l'aide qu'elle lui apportait malgré son orgueil, je n'en suis pas aussi sûr que toi mais j'espère te prouver que tu as raison, pour une fois que je ne cherche pas à avoir le dernier mot … ajouta-t-il en renforçant son sourire. "

Il suivit ensuite plus ou moins les conseils d'Isobel, s'adaptant comme il le sentait maintenant qu'il savait ce qui l'attendait. Son impression, plus ou moins fondée, qu'Isobel lui ressemblait au niveau du caractère le gênait à utiliser sa télépathie sur elle, il n'aurait pas aimé qu'on le fasse sans sa permission, malgré toutes les bonnes intentions du monde qu'on pourrait lui assurer ou la promesse d'une absence de jugement, mais il tenait encore plus à ne pas être surpris lorsque les pierres voleraient vers lui. Aussi, il étendit son esprit jusqu'à celui de la jeune femme, tout en se mettant en position cette fois : il prit appuis sur une jambe légèrement fléchie et l'autre plus en avant, se tourna le buste face à Isobel et les bras devant lui, coudes repliés.

Il était prêt, et la crainte d'un nouvel échec, la détermination de faire mieux et de réussir affermissait sa concentration. Pas de surprise cette fois, pas de fierté mal placée, il était prêt. Isobel était assez gentille de l'attaquer avec une faible intensité, il fallait qu'il lui montre qu'il avait compris le principe, et qu'elle pourrait le malmener un peu. Concentré, il la sentit se préparer à lui projeter une nouvelle salve et inspira un bref coup, anticipant le choc entre leur deux contacts, même si le sien ne se verrait pas. Sans étonnement, il vit les pierres s'élancer vers lui et retint sa respiration alors qu'il discernait aussi vite que possible tous les projectiles qui le visait avant d'y opposer sa volonté pour les freiner dans leur course avec sa télékinésie. Pas question de les écarter cette fois : il les arrêterait ou se prendrait l'impact, des pierres n'allaient pas le blesser. Il en sentit la pression divisée de chacune, les ralentissait, mais il du faire à nouveau un pas en arrière et fléchir les coudes, rapprochant les mains de son corps pour augmenter la distance entre celles-ci et les pierres qui arrivaient sur lui. Puis il tendit d'un coup les bras devant lui, stoppant à présent net les galets à quelques centimètres de ses doigts en serrant les dents, et expirant l'air qu'il retenait. Ces gestes étaient inutiles puisque son esprit était la seule force qui contrôlait sa télékinésie, mais l'accompagnement physique l'aidait beaucoup. Et puis, il paraît que le corps et l'esprit sont liés …
En tout cas, bien qu'il aurait du mal à décrire les sensation de son pouvoir sur les pierres, il avait saisit ce qu'il devait faire pour bloquer un projectile qui lui arrivait dessus. Il savait que cela ne marcherait que sur des vecteurs de force de faible intensité, autrement il n'en aurait pas la puissance, mais il avait comprit comment réagir.

Il maintenait toujours les pierres en lévitation devant lui, trop satisfait pour les laisser simplement retomber sur le sol, et respirant profondément pour reprendre un rythme normal. Il adressa un regard lumineux à Isobel, et ne sachant pas trop quoi dire, il se contenta de lui sourire en faisant tourner les cailloux dans les airs, jouant un peu avec. Il avait envie de lancer un « T'as vu ? J'ai réussi » mais cela lui paraissait bien trop cliché. Indécis, il lui demanda alors son avis, elle avait peut être remarqué quelque chose qu'il lui avait échappé, ou certains conseils à lui donner sur ce qu'il valait mieux faire ou ne pas faire.

" - Alors, qu'est-ce que t'en penses ? "

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