Cubà, No màs!

Il y avait quelques jours déjà qu'Antonio avait quitté sa famille. Au début, il avait erré sans trop savoir où il irait, mais un couple de touristes qu'il croisa le décida bien vite : il partirait pour les États-Unis. N'y disait-on pas que les gens y étaient heureux, riches, en santé, gentils, etc. Du moins c'était la version de l'American Dream qui s'était rendue à Antonio.

Le jeune cubain se retrouva donc dans le plus grand port du pays, entre d'énormes et luxueux bateaux aux propriétaires inconnus, se demandant comment il pourrait faire pour entrer en Amérique. Surtout qu'il savait que ce pays était en conflit avec le sien!
Tout en avançant nonchalamment le long des quais, il sondait doucement les émotions des gens, ne leur lançant un coup d'oeil que lorsqu'il ressentait quelque chose d'étrange. Jusqu'à ce qu'il trouve enfin une présence d'excellente humeur. Il leva alors la tête et la tourna, à la recherche de la source de cette émotion. Trop concentré à rechercher cette personne, il ne s'aperçut pas que quelqu'un venait dans sa direction.

Aujourd'hui Crapaud décida d'aller prendre l'air du coté du port. Respirer la bonne odeur du large, les poissons morts et les cris des mouetteslui manquaient terriblement.
En fait la vraie raison était qu'il avait rendez vous avec son bookmaker pour ramasser son argent durement gagner illégalement lors de pari clandestin. Une fois l'affaire fini, Mortimer tabassa son bookmaker, ainsi que ses deux gardes du corps, et se retira promptement dans la rue.
Il arborait un grande casquette, des lunettes de soleil ainsi qu'un manteau assez grand pour ne pas qu'on ne distingue qu'il était mutant.

Il commanda au snack deux hot dog et un bière. Il s'assit sur un banc et regarda le défiler des immigrés et badeaux qui passaient devant lui.
Le monde entier lui passaient sous les yeux et tous les continents étaient représentés.

Après dix minutes à voir défiler les gens, et surtout après avoir fini son casse croute, Mortimer se mit en marche, tête baissée et perdu dans ses pensées lorrsque ..... BAM .... il percuta quelqu'un.
Ce quelqu'un en question était d'apparence latine et avait une gueule d'ange à faire palir le crapaud.

"_ Hey gringo! Tu es perdu ou tu cherches à me faire les poches ?"

[HJ: On est dans le port du Mexique ou des USA ?]

[HJ : De Cuba, mais si ça pose un problème, je changerai ]

Antonio ne s'aperçut pas que quelqu'un venait lui foncer dedans, donc. Jusqu'à ce que la collision élastique entre les corps le fasse reculer et qu'il reprenne gracieusement son équilibre.

"-Lo siento, senor!"

Mais ledit senor l'accusait déjà, tout à fait gratuitement, de tenter de lui faire les poches. Celà paraissait tant que celà qu'il était à la rue, ou bien était-ce un préjugé qu'avaient les touristes envers les latinos.

"-Madre de Dio! Je ne suis pas un voleur! On ne s'est pas vus, ça se termine là!"

Le jeune cubain détourna alors la tête, cherchant où se trouvait à présent cette personne, les yeux plissés, mais il ne la retrouva pas. Il ne s'était pas aperçu, sur le moment, qu'il était resté face au mystérieux inconnu, qu'il dévisagea avec l'ombre d'un sourire. Il se mit alors à fouiller ses sentiments sans ménagement, sans gêne, sans honte. Il s'était habitué à faire ce manège et c'était devenu, chez lui, une seconde nature.

[HJ : pourrais-tu décrire les émotions de ton perso, aussi succinctement que tu veux, dans ton prochain message, que je puisse en prendre compte, svp? merci!]

Second contact avec un mexicain aujourd'hui et second contact assez brutal. Mortimer aurait bien aimé qu'il tombe les quattres fers en l'air ou trébuche sur un étalage ou sur quelqu'un mais le latino se remis sur pieds.

A la question du Crapaud, Sanchez répondit assez séchement et cela plut au Crapaud. Etant donné qu'il venait de mettre une raclée à trois de ses compatriotes, il ne voulait pas se rebattre. Il aurait,bien évidement et sans problème, faire mordre la poussière au chicos mais sa trombine lui rappellait un copain d'enfance. Pendant quelques instants, Mortimer resta là, sans bouger, à se remémorer ses souvenirs lointains.
La méfiance et la méchanceté naturelles du batracien laissèrent place, quelques instants, à de la joie et à de la mélancolie.

Un pigeon lui passa sous le nez et le sortit de ses pensées par la même occasion.
Mortimer se rapprocha d'Antonio et lui dit droit dans les yeux :

"_ Ecoute moi, hombre. Les gars de mon espèce ne sont guère mieux aimé que toi. Je dirais même que nous en bavons plus que vous !"

Tout en parlant, il se découvrit assez pour qu'Antonio voit qu'il avait la peau verdâtre et ainsi comprendre qu'il était mutant.
Mortimer était un peu anxieux car Sanchez avait deux possibiltés. Soit donné l'alerte, soit faire comme si de rien n'était.
Le Crapaud n'attendit pas la réaction du chico et tourna les talons.


[ HJ: Pour ce qui est du port , pas de soucis. Pour ce qui est des émotions, cela te va ou il faut que j'approfondisse plus!]

[C'est parfait!]

Antonio fut assez étonné de sentir les émotions de l'autre se modifier rapidement, alors qu'il avait ressentit un instant une hostilité quelconque, qu'il n'eut pas le temps d'identifier comme de la méfiance, il s'aperçut que ses propres paroles avaient eut leur petit effet sur l'étranger, qui semblait tout à coup de bien meilleure humeur, bien qu'il ne le démontra pas, sous sa capuche.

Capuche qui s'ouvrit alors pour montrer le teint verdâtre de Mortimer au jeune mutant, qui dû mettre quelques secondes d'abord pour se remettre de son dégoût et analyser qu'il s'agissait d'une menace. Mais dès qu'il comprit de quoi il en tenait, et que les sentiments de l'homme se transformèrent une nouvelle fois, se tendant en lui, qui l'avait déjà devancé de quelques pas.
Le cubain tenta de le rattraper en quelques pas de course, et lui retint le bras, espérant ne pas faire d'erreur.

"-Paco!" C'était ainsi qu'il appelait les gens dont il ne connaissait pas, ou avait oublié, le nom.
"-Il n'y a pas de raison d'être aussi embarassé! Me llamo Antonio! Comment tu t'appelles?" Demanda-t-il en souriant? Si il parvenait à manipuler convenablement l'autre mutant, il aurait probablement son passeport pour les États-Unis, ou un autre pays, en fait...
Il avait tenté de ne pas être trop direct, mais il espérait tout de même que le crapaud comprenne où il voulait en venir...

[i]Le gamin ratrappa finalement Crapaud et commença à vouloir tailler la bavette.
Son comportement avait brusquement changé et cela, Mortimer l'avait remarqué.
Il était plus calme, détendu et parlait maintenant avec le sourire.

* Alors comme ça maintenant tu veux faire ami-ami !* Pensa t'il

Crapaud se sortit une cigarette et après quelques bouffées lança:

"_ Tu n'as qu'a m'appeller Crapaud.
Mais dis moi pourquoi un mexicain voudrait bien parler avec un occidental?
Surtout un qui a un casier judiciaire aussi long que le bras!
Et dis moi surtout pourquoi tu n'as pas peur de montrer en public avec un mutant"
Mortimer semblait voir clair dans le jeu d' Antonio mais il voulait s'assurer que le jeune homme sache dans quoi il allait s'embarquer.
Il voulait aussi savoir si Sanchez était ou non un mutant et si il était prêt à tout et n'importe quoi pour s'extrader de son Mexique natal.

[ HJ: Désolé pour la qualité du post, je me ratraperais la prochaine fois!]

Soulagé de voir que celui qui se faisait appelé Crapaud était désormais plus à l'aise, Antonio attendit patiemment qu'il veuille bien lui répondre. Légèrement insulté par la méprise au niveau de sa nationalité, le cubain garda tout de même son sourire, qu'il voulait charmeur, et s'exclamant, en s'efforçant de rire un peu. L'histoire du casier judiciaire l'avait un peu choqué, et il avait une fois de plus été rapidement ramené les deux pieds sur terre.

"-Je suis cubain, senior... Et j'aimerais bien allé dans votre pays, mais je n'ai pas l'argent!"

Ni les passeports, ni un paquet d'autres choses qu'il valait mieux passer sous silence...

"-Mes soeurs se sont faites battre pour un mùtant, parce que nous ne croyons pas, chez moi, qu'ils sont plus mauvais qué les autres. Mais si el Crapaud, sous sa capuche, n'aime pas parler aux gens qui lui sont différents, je m'en vais."

L'amigo Sanchez haussa alors un sourcil, mi-victorieux, mi-sarcastique, et conclut.

"-Je trouverai facilement quelqu'un d'autre qui veuille me transporter. Quelqu'un de moins dangereux, certes, mais la compagnie d'un mùtant aurait aussi ses avantages."

Les bras croisés, l'air nettement plus sérieux, le jeune homme attendait la réaction du crapaud. Une baffe, un mot? Il avait été légèrement arrogant, certes, mais avait été encore assez discret pour ne pas attirer les regards des gens.

Antonio observa le crapaud s'enfuir après lui avoir donné l'adresse. Pas le temps de chercher à comprendre, ni à savoir pourquoi le mutant s'était tout à coup refermer, il tourna les talons et s'en alla en direction du rafiot dont le Crapaud lui parlait.
Alors que la foule autour de lui se diluait, il approchait de l'embarcation qui était belle et bien douteuse. Il n'était pas certain de vouloir y monter, puisqu'il ne savait pas vraiment nager. Il pataugeait, mais ça s'arrêtait là...
Il mit tout de même le pied à bord tout en portant attention à ce que personne ne s'y trouve. Les gens éprouvaient constamment une émotion, c'était ce qui lui permettait de connaître ou non leur présence. Il n'en était pas conscient pour l'instant, mais la plupart des télépathes pourraient facilement se cacher à sa "vue ultrasensorielle".
Au milieu des odeurs salines et plus ou moins désagréables, il faisait attention à ne pas mettre les pieds sur les cordes qui trainaient, cherchant un indice de ce que le crapaud pouvait attendre de lui. Un vol? N'importe qui était capable d'en commettre un.
Ce devait être plus subtil, forcément... En même temps, Tonio ne savait pas du tout comment le Crapaud pourrait deviner sa mutation, ou même comment le cubain pourrait la prouver à qui que ce soit.
L'homme verdâtre lui avait manifestement lancé un défi que tout mutant serait censé réussir. Censé. Mais si il fallait avoir un avantage physique, il
était cuit.
En entrant dans la cabine pour vérifier si il n'y aurait pas un trousseau de clé dans le contact, il dû cligner des yeux pour s'habituer à la luminosité réduite par les petites fenêtres crasseuses.
Ce n'est qu'alors qu'il s'aperçut que quelqu'un venait d'entrer sur le bateau. En moins de quelques secondes, ce quelqu'un l'avait pris par le bras, avec une poigne considérable, puis l'avait tiré hors du rafiot, jusqu'à un second vigile, qui les attendait au bas de la passerelle que le Crapaud venait de monter.
Retour à la case départ, donc...

-Qu'est-ce qu'un jeune comme toi faisait dans ce bateau? Tu étais venu voler quelque chose, je te parie...

"-Ma no, Senor! Mon padre est monté dans le bateau avec mon billet. Je voulais voir si j'arriverais à le voir de là-bas..."

Antonio s'efforçait de rendre son histoire la plus cohérente et touchante possible, mais il se disait bien que ce ne serait pas la première fois qu'on leur racontait de telles salades...

"-Vous ne pouvez pas séparer un padre et son hijo, quand même? Soyez compréhensifs, por favor!"

Le faciès des deux vigiles changea alors, passant de la méfiance à une espèce de compassion qui ne leur séait guère. Se demandant comment il avait fait pour ne pas ressentir ce changement, Antonio s'aperçu que le lien qu'il ressentait généralement était présentement différent. Comme si lui informait les gardes d'une émotion plutôt que l'inverse. C'était la première fois que quelque chose du genre lui arrivait, et il s'efforça de maintenir ce lien intact, ainsi qu'un regard piteux, malgré l'anxiété qui l'assaillait. Finalement le vigile du bateau trancha la question.

"-Allez, monte mon gars. Mes parents m'ont déjà oublié dans un centre commercial, je sais comme c'est horrible!"

Ce à quoi l'autre hocha ostensiblement de la tête d'un air compréhensif. Antonio hésita un instant, légèrement dérouté par cette confidence non demandée, puis monta d'un pas rapide sur le pont, en continuant de maintenir le lien empathique.

"-Gracias!"
Il songea alors avec un sourire que les humains étaient bien naïfs et qu'il avait très bien pu se débrouiller seul, jusqu'à ce qu'il voit Mortimer. Il avait voulu lui tendre un piège, n'est-ce pas?

"-Paco! Je suis parvenu à monter malgré tes duperies... Pas trop déçu j'espère."

Et il continua son chemin, en ralentissant tout de même un peu l'allure. Aussi longtemps qu'il était loin des vigiles, il n'avait plus à se presser...

Crapaud avait la tête au hublot et regardait les mouettes parader, les dockairs dechargés camions et cargo mais il avait surtout un oeil sur Antonio qui venait de se faire épingler par les vigiles.
Un large sourire s'afficha sur son visage.

"_ Il me semble que ne tu soit pas comme moi, chico!"

Mortimer allait fermer la fenêtre lorsque quelquechose lui dit de regarder l'action jusqu'au bout. Avec un peu de chance, Crapaud aurait pu voir les vigiles le faire passer par dessus bord.

Mais au lieu de ça, et après quelques minutes de conversation, le jeune latino, réussi à monter sans encombre.
Là, le sourire disparut pour laisser place à une expression d'étonnement.
Quelle sorte de pouvoir pouvait'il avoir?
Ce n'était pas un pouvoir brut et physique!
Télépathie? Projection de l'ame? Hypnose???

Crapaud ne put finir sa réflexion car Antonio venait se pavaner devant lui.

"_ Bravo! Tu m'as montré que tu avais quelque chose de SPECIAL!
Et ainsi, tu as gagné ton billet pour les States.
Si tu es d'accord, je peux te trouver un toit et une couverture en Amérique, mais en contre partie, il va falloir que tu bosses pour nous!"

Le cargo reklaxonna et le bateau prit la mer. Les deux compères allaient en direction des USA.

Ailleurs

Antonio n'avait besoin d'aucun pouvoir pour lire la perplexité du Crapaud. Comme si il ne s'était pas douté que le mutant serait déçu de voir que le cubain n'avait pas un pouvoir visible, ni par ses effets, ni par quoi que ce soit d'autre, il s'approcha et demanda :

"-Oh! Tù veux bien mé croire, maintenant?! C'est gentil!"

Il réfléchit quelques instants à la proposition de l'autre créature. Il ne risquait pas de perdre grands choses. Puisque le crapaud était certainement plus harcelé pour mutantisme que Antonio ne l'avait été, il semblait à Antonio que Mortimer ne risquait pas de le vendre aux anti-mutants. Et comme ils étaient de la même race, il ne voyait pas pourquoi il le vendrait à la police.
Donc s'il ne voulait pas finir en prison, comme de trop nombreux immigrants illégaux, ou encore lapidé par la population, la meilleure solution semblait être d'accepter l'offre.
Comme le bateau quittait le port, Antonio ressentit une sorte de pincement au coeur : il avait définitivement quitté son passé et tout ce qu'il connaissait, vers il ne savait pas quoi. Il s'adressa tout de même à son comparse :

"Paco, je ne peux pas réfuser! Dis-moi seulement quel sera le boulot, ...amigo?"

Et il tendit la main pour prendre serrer celle du mutant amphibien, qu'il devinait froide et visqueuse : mieux valait sceller un tel contrat par une poignée de mains que par des mots lancés.

le bon port!