On était mardi. Un mardi ensoleillé, un mardi à aller
dehors, à se promener dans Central Park, ou tout simplement à marcher sur les
trottoirs en observant les passants ou à se poser à la terrasse d'un petit café
ou d'une brasserie pour déguster une boisson.
Mais ce mardi était comme tous les autres pour Ashley: Un jour sans sortie, un
jour à passer derrière les murs de l'hôtel particulier de sa famille, un jour
morne et triste. La jeune femme observait les gens passer devant l'hôtel. Elle
apercevait parfois des familles, parfois des couples, et même des petites
grand-mères qui promenaient leurs petits chiens. Toutes sortes de gens... mais
pas d'Anges comme elle... Voilà pourquoi elle ne pouvait pas sortir.
Devant sa fenêtre, elle entendit la porte du bureau de son père s'ouvrir puis
claquer, puis celle du petit salon où elle se trouvait. Son père venait
d'entrer et la regardait d'un air peu agréable. Elle savait bien pourquoi. Elle
se tenait devant la fenêtre. Elle était visible du dehors. Elle n'en avait pas
le droit. Et pourtant elle le faisait. Elle en avait besoin. C'était comme un
moyen d'être dehors sans y être vraiment.
"Père... Personne ne m'a vue..." lui dit-elle tout en s'écartant
néanmoins de la fenêtre sous le regard mauvais de son géniteur.
Ce dernier s'avança vers elle, menaçant, rouge de colère. Lui, un des
homme les plus connus et riches de Manhattan, était l'un de ses anti-mutants,
un de ces homme qui renie sa famille pour faire bonne impression. Il avait été
jusqu'à dire que sa propre fille avait une maladie grave pour excuser son
absence face aux médias, face à tout le monde.
"Je te l'ai interdit Ashley! Tu le sais! Personne ne doit voir ça !
Personne!"
Face à l'attitude de son père, Ashley avait peur. Elle avait toujours eu peur
de décevoir son père, et c'est ce qu'elle faisait. Elle recula encore et encore
devant son père dont la main était déjà levée. Sa main. Ses yeux ne la
quittaient pas, comme si elle était hypnotisée. Jamais il n’avait levé la main
sur elle depuis sa naissance, jamais il n’aurait osé. Mais maintenant elle
était comme une étrangère pour lui, elle n’était plus sa fille, elle était
l’une d’eux.
La scène qui suivit sembla se dérouler au ralenti pour
Ashley. Elle reculait le plus rapidement possible, sans voir qu’elle s’approchait
d’une fenêtre, tandis que son père avançait vers elle tel un taureau chargeant
un toréador. Son père la saisit par le bras au lieu de la frapper et, tentant
de se dégager, Ashley heurta violemment la fenêtre qui se brisa sous l’impact.
Le verre avait cédé sous la pression et des milliers d’éclats tombaient
lentement, suivis du corps de la jeune femme que son père lâcha immédiatement.
Ashley voyait le visage horrifié de son père. Il n’avait pas
prévu ce qui arrivait. Il n’avait jamais pensé que cela irait aussi loin. Et ce
fut la dernière chose qu’Ashley vit avant de toucher le sol dans un grand bruit
mat accompagné d’un craquement sonore. Sa tête heurta ensuite à son tour le
sol, et ce fut le trou noir. (Non, elle n’est pas morte. On va dire qu’elle a
une aile cassée et une jolie commotion cérébrale. Je suis trop gentille avec
mon personnage, je sais ^___^ )
Quelques instants passèrent, puis une personne cria. La mère
d’Ashley venait de rentrer d’une course, et voir sa fille étalée devant leur
résidence, inconsciente, n’était pas le genre de vision qui la laissait de
marbre. Ni une ni deux, elle appela le 911 et leur expliqua la situation. Penchée
au-dessus de son enfant, elle lui parlait avec des sanglots dans la voix, lui
caressant la joue, et priant le seigneur pour qu’elle n’ait rien de trop grave.
Les secours arrivèrent rapidement mais furent consternés quand ils virent que
la blessée avait des ailes. Un groupe de badauds s’était d’ailleurs déjà formé
et chuchotaient en pointant de temps à autre la pauvre Ashley qui était
inconsciente. Prenant les devants, la mère d’Ashley replia avec peine les ailes
de sa fille dont l’une d’elle coinçait un petit peu… Et les ambulanciers
prirent le relais en installant la malheureuse sur un brancard puis en la
hissant dans l’ambulance. Lauren, la mère d’Ashley, leva son regard vers l’immeuble
et croisa le regard de son mari qui n’avait pas changé de place depuis que leur
fille était passée au travers de la vitre. Après cet ultime échange silencieux,
la femme monta dans l’ambulance aux côtés de sa fille.
